HIERAPRÈS-MIDI, l’inspection du travail et l’Union de recouvrement des cotisations de sĂ©curitĂ© sociale et d’allocations familiales (Urssaf) ont ï»żDe larges glandes salivaires n’avaient jusqu’alors jamais Ă©tĂ© repĂ©rĂ©es dans le crĂąne humain. Elles viennent d’ĂȘtre dĂ©couvertes par hasard. ConnaĂźtre leur existence pourrait changer la qualitĂ© de vie des patients atteints de certains cancers. Le corps humain peut encore nous surprendre des anatomistes montraient encore rĂ©cemment que nous continuons d’évoluer, puisqu’une nouvelle artĂšre se gĂ©nĂ©ralise dans la population. Toutefois, une nouvelle Ă©tude publiĂ©e cet automne 2020 dans la revue Radiotherapy and Oncology n’attire pas l’attention sur une Ă©volution, mais sur la dĂ©couverte d’un nouvel organe, au niveau du crĂąne une paire de glandes salivaires jamais observĂ©e jusqu’à maintenant. Les scientifiques nĂ©erlandais ont dĂ©couvert cet organe sans le chercher, alors qu’ils examinaient des patients atteints d’un cancer. Cet examen consistait Ă  repĂ©rer les tumeurs Ă  l’aide d’une innovante technique d’imagerie, basĂ©e sur la tomographie par Ă©mission de positons un scanner associĂ© Ă  l’injection d’un produit radioactif. Les mĂ©decins ont vu apparaĂźtre quelque chose de nouveau, au sens oĂč cela n’avait jamais Ă©tĂ© repĂ©rĂ© auparavant, tout en ayant toujours Ă©tĂ© lĂ . Les glandes salivaires nouvellement dĂ©couvertes sont pointĂ©es par la flĂšche Netherlands Cancer Institute Ces glandes salivaires sont observĂ©es au fond du rhinopharynx — Ă  l’intersection entre les fosses nasales et l’oropharynx situĂ© derriĂšre la bouche. Les humains ont trois paires de larges glandes salivaires, mais pas Ă  cet endroit », remarquent les mĂ©decins sur le site du Netherlands Cancer Institute. Les seules glandes salivaires situĂ©es au niveau du rhinopharynx Ă©taient censĂ©es ĂȘtre microscopiques, au nombre d’un bon millier, mais difficiles Ă  dĂ©tecter au scanner du fait de leur petite taille. Alors, imaginez notre surprise lorsque nous avons trouvĂ© ces glandes », relĂšvent les auteurs, qui dĂ©crivent cet organe comme une entitĂ© inconnue dans l’introduction de leur papier. Ces glandes nouvellement dĂ©couvertes ont Ă©tĂ© nommĂ©es glandes tubariales », en rĂ©fĂ©rence Ă  leur localisation dans le corps humain. Les mĂ©decins ont pu les observer, Ă  l’aide de la technique d’imagerie novatrice, sur les 100 patients qui faisaient partie de l’étude. Cela ne semble donc pas ĂȘtre un cas isolĂ©. Le rĂ©sultat a par ailleurs Ă©tĂ© confirmĂ© lors de l’étude post-mortem de tissus humains. Objectif les Ă©pargner pendant les radiothĂ©rapies Dans l’immĂ©diat, la dĂ©couverte reste limitĂ©e du point de vue la mĂ©thode scientifique, en raison d’un faible panel 100 personnes, dont une seule femme, Ă©tant donnĂ© que celui-ci n’avait pas Ă©tĂ© prĂ©vu dans le but de mener une Ă©tude clinique sur un nouvel organe. De nouvelles Ă©tudes vont donc devoir confirmer le rĂŽle de ces glandes salivaires. Peut-ĂȘtre sont-elles malgrĂ© tout des glandes mineures, simplement mieux mises en Ă©vidence par la nouvelle technique d’imagerie ? Les implications potentielles sont en tout cas importantes pour les patients atteints d’un cancer. La radiothĂ©rapie peut endommager les glandes salivaires, ce qui peut entraĂźner des complications. Les patients peuvent avoir des difficultĂ©s Ă  manger, Ă  avaler ou Ă  parler, ce qui peut ĂȘtre un vĂ©ritable fardeau », rappelle l’oncologue et radiologue Wouter Vogel, coauteur de l’étude. En analysant les donnĂ©es de plus de 700 personnes, lui et son collĂšgue ont mis en Ă©vidence que plus les glandes nouvellement repĂ©rĂ©es sont touchĂ©es par les radiations en radiothĂ©rapie, plus il y a de complications ensuite. C’est exactement pareil pour les paires de glandes dĂ©jĂ  connues. Pour la plupart des patients, il devrait ĂȘtre techniquement possible d’éviter d’irradier cet endroit nouvellement dĂ©couvert du systĂšme des glandes salivaires, de la mĂȘme maniĂšre que nous essayons d’épargner les glandes connues », explique Wouter Vogel. C’est lĂ  tout l’objectif de la suite des recherches sur ces glandes tubariales Ă©lucider leurs caractĂ©ristiques exactes et les implications pour la radiothĂ©rapie. Il s’agit d’une bonne nouvelle, donc, pour essayer d’amĂ©liorer la qualitĂ© de vie des patients atteints du cancer. Ala recherche du savoir : Raison et RĂ©vĂ©lation en islam Abd-al-Haqq IsmaĂŻl Guiderdoni Selon la tradition prophĂ©tique, « la recherche du savoir est une obligation pour tout musulman et toute musulmane. »1 Puisque la recherche du savoir est une obligation religieuse, il nous faut, pour remplir cette obligation, savoir ce qu’est le savoir. Or se prĂ©sentent devant nous une multitude Le 09/02/2015 Ă  945 MAJ Ă  1731Une marche blanche Ă  la mĂ©moire de Patricia Bouchon, le 14 fĂ©vrier 2012. - AFPPatricia Bouchon, une mĂšre de famille sans histoires, avait Ă©tĂ© retrouvĂ©e morte en fĂ©vrier 2011 Ă  Bouloc, en Haute-Garonne, aprĂšs ĂȘtre partie courir, comme chaque matin. Le suspect, interpellĂ© lundi matin, avait dĂ©jĂ  Ă©tĂ© entendu dans ce homme, qui avait dĂ©jĂ  Ă©tĂ© placĂ© en garde Ă  vue dans l'enquĂȘte sur le meurtre de la joggeuse Patricia Bouchon en fĂ©vrier 2011 Ă  Bouloc, en Haute-Garonne, a Ă©tĂ© interpellĂ© lundi en examenSelon nos informations, le suspect a Ă©tĂ© mis en examen pour homicide volontaire, ce lundi en dĂ©but d'aprĂšs-midi, avant d'ĂȘtre placĂ© en dĂ©tention provisoire. Il ne serait pas passĂ© aux aveux. L'homme, ĂągĂ© de 35 ans, aurait Ă©tĂ© reconnu par plusieurs tĂ©moins comme Ă©tant l'homme du portrait-robot, diffusĂ© aprĂšs les faits. EmployĂ© du bĂątiment, le suspect vivrait repliĂ© sur lui-mĂȘme et serait toxicomane, dĂ©crit comme ayant, parfois, un comportement agressif."Ce suspect avait dĂ©jĂ  Ă©tĂ© entendu dans cette enquĂȘte. Le temps de sa garde Ă  vue Ă©tant quasiment expirĂ©, il devrait ĂȘtre dĂ©fĂ©rĂ© dans les plus brefs dĂ©lais" devant la justice, a expliquĂ© une source proche du dossier, confirmant une information du site internet de la DĂ©pĂȘche du suspect dĂ©jĂ  entendu"Ce suspect avait Ă©tĂ© auditionnĂ© une premiĂšre fois en octobre 2011 dans le cadre des investigations des enquĂȘteurs", a prĂ©cisĂ© une autre source. "Il a ensuite Ă©tĂ© placĂ© en garde Ă  vue en janvier et en juin 2014, aprĂšs avoir Ă©tĂ© reconnu par plusieurs tĂ©moins comme l'homme du portrait-robot diffusĂ© en 2013", a-t-elle portrait-robot avait Ă©tĂ© Ă©laborĂ© dĂšs le dĂ©but de l'enquĂȘte sur la base du tĂ©moignage d'un automobiliste qui avait remarquĂ© une Renault Clio de premiĂšre gĂ©nĂ©ration immobilisĂ©e, sans lumiĂšre. Il avait alors aperçu le conducteur Ă  la lumiĂšre de ses phares, vers 4h30 sur une petite route proche de Bouloc, lĂ  oĂč Patricia Bouchon disparaissait cette mĂȘme nuit du 14 fĂ©vrier 2011, lors de son procureur s'exprime Ă  16h30Dans cette affaire, plus d'une dizaine de personnes avaient Ă©tĂ© placĂ©es en garde Ă  vue par les gendarmes de la section de recherches de Midi-PyrĂ©nĂ©es, avant d'ĂȘtre mis hors de l'issue de multiples vĂ©rifications, "aucun lien n'avait pu ĂȘtre Ă©tabli entre cet homme et l'affaire de Bouloc", avait alors dĂ©clarĂ© le procureur de Toulouse de l'Ă©poque, Michel procureur de la RĂ©publique de Toulouse, Pierre-Yves Couilleau, a annoncĂ© la tenue d'une confĂ©rence de presse lundi vers mĂšre de famille sans histoiresÂgĂ©e de 49 ans, Patricia Bouchon, secrĂ©taire dans un cabinet d'avocats toulousains et mĂšre de famille sans histoires, Ă©tait partie le 14 fĂ©vrier 2011 vers 4h30, comme chaque matin, faire son jogging autour de Bouloc, Ă  25 km au nord de Toulouse. Cette femme mince de 1,60 mĂštre et 50 kilos, aux cheveux chĂątain clair, n'est jamais corps n'a Ă©tĂ© retrouvĂ© qu'un mois et demi plus tard dissimulĂ© dans un conduit d'eau sous une petite route Ă  14 km de chez elle. Patricia Bouchon avait eu les vertĂšbres et le crĂąne enfoncĂ©s par des coups. Son meurtrier avait aussi essayĂ© de l'Ă©trangler, mais n'aurait pas abusĂ© d'elle. Dans cette affaire, une dizaine de personnes avaient Ă©tĂ© placĂ©es en garde Ă  vue par les gendarmes de la section de recherches de Midi-PyrĂ©nĂ©es, avant d'ĂȘtre mis hors de cause. Jevais essayer de trouver un crĂąne d'animal que j'ai trouvĂ© dans cette forĂȘt il y a 4 ans.
1 C’est dire, avec P. Boyer, que la tradition est une forme de communication orale plutĂŽt qu’une vis ... 1Le parcours initiatique du Bwete Misɔkɔ inclut la transmission d’un savoir secret qui dĂ©passe largement le seul savoir-faire thĂ©rapeutique. Tout initiĂ© doit ainsi en passer par un enseignement initiatique proprement interminable il s’agit moins en effet de la transmission d’un corpus unifiĂ© de connaissances partagĂ©es que d’un type spĂ©cifique de discours et d’interaction entre cadets et aĂźnĂ©s1. Puisque dans le Bwete, tout relĂšve virtuellement du savoir initiatique, mieux vaut alors se focaliser sur les formes de ce savoir et les contextes de son enseignement, plutĂŽt que sur ses contenus de dĂ©tail qui ont Ă©tĂ© ou seront abordĂ©s thĂ©matiquement dans d’autres chapitres. GESTES ET PAROLES DES ANCÊTRES LE FORMALISME RITUEL 2 Chaque sociĂ©tĂ© initiatique se distingue effectivement par une danse et un rythme singuliers qui en ... 2L’idĂ©ologie au fondement du Bwete, comme de toute sociĂ©tĂ© initiatique, postule qu’une frontiĂšre ontologique sĂ©pare initiĂ©s et profanes le monde se divise entre ceux qui en sont et savent et ceux qui n’en sont pas et ne peuvent donc rien savoir. La parole des profanes est donc systĂ©matiquement disqualifiĂ©e, alors mĂȘme que certains d’entre eux en savent beaucoup sur le Bwete. Il ne saurait y avoir d’autre savoir autorisĂ© sur la sociĂ©tĂ© initiatique que le savoir initiatique lui-mĂȘme. Pour les spectateurs profanes qui viennent admirer Ă  chaque veillĂ©e les prouesses acrobatiques des initiĂ©s, le Bwete se limite donc au divertissement d’une danse publique. Et effectivement, le terme danse » sert parfois Ă  dĂ©signer les diverses sociĂ©tĂ©s initiatiques la danse Bwete, la danse Elɔmbo, 3Mais pour certains jeunes initiĂ©s Ă©galement, le Bwete ne reprĂ©sente guĂšre plus qu’une distraction leur donnant l’occasion de faire Ă©talage de leur talent de danseur. Cette situation est moins le rĂ©sultat du dĂ©voiement des jeunes gĂ©nĂ©rations que de la mĂ©fiance des aĂźnĂ©s qui maintiennent dĂ©libĂ©rĂ©ment la masse des cadets dans l’ignorance, choisissant seulement quelques Ă©lĂ©ments prometteurs pour leur transmettre leurs secrets et assurer la reproduction initiatique. Il est alors suffisant que la plupart des initiĂ©s viennent danser et chanter, sans en savoir beaucoup plus sur le Bwete. Si les profanes sont en position d’ignorance, tous les initiĂ©s ne se trouvent donc pas pour autant dans une position d’omniscience. 4En effet, un banzi commence toujours par participer aux veillĂ©es sans saisir le sens exact des actes que les aĂźnĂ©s lui demandent d’accomplir. La maĂźtrise progressive des chansons, gestes et pas de danse lui permet au bout d’un temps de prendre part Ă  l’action rituelle sans passer pour ridicule. Mais cela ne veut pas dire pour autant qu’il connaisse les significations – gĂ©nĂ©ralement secrĂštes – attachĂ©es Ă  tous ces actes. La liturgie d’une veillĂ©e est de toute façon suffisamment complexe pour qu’il y ait toujours un certain nombre de gestes qu’un initiĂ©, aussi expert soit-il, accomplira sans en connaĂźtre prĂ©cisĂ©ment la motivation et le sens. Mais s’il ne sait pas vraiment ce qu’il est en train de faire, les aĂźnĂ©s, eux, doivent bien le savoir. Il s’exĂ©cute donc, parce qu’il a appris des aĂźnĂ©s Ă  faire ainsi, et qu’au fond, les ancĂȘtres ont toujours fait de mĂȘme. 5La lĂ©gitimation traditionnelle par les ancĂȘtres reste en effet la premiĂšre et la derniĂšre justification permettant de rendre raison du Bwete, comme le dit explicitement une chanson maganga ma kala na ma tsika biboto » les choses rituelles d’autrefois, laissĂ©es par les anciens ». Que les ancĂȘtres aient toujours fait ainsi suffit Ă  fabriquer un rituel, qui n’est en dĂ©finitive rien d’autre qu’une suite d’actes prescrits. Une veillĂ©e de Bwete sert d’ailleurs avant tout Ă  rĂ©jouir les ancĂȘtres par la bonne exĂ©cution d’un travail rituel collectif c’est le sens du terme mayaya – rĂ©jouissance – qui dĂ©signe une veillĂ©e simple sans occasion spĂ©cifique. Cette dimension autotĂ©lique de l’action est sans doute un trait essentiel de tout rituel l’acte rituel est Ă  lui-mĂȘme sa propre fin. 6Un initiĂ© doit donc faire le Bwete comme les ancĂȘtres l’ont toujours fait, sans nĂ©cessairement se poser la question du sens des actes. Vouloir alors trouver partout des significations et des motivations symboliques ne serait que dĂ©formation professionnelle d’anthropologue. Parfois, les gloses des initiĂ©s ne sont effectivement que des rĂ©ponses ad hoc destinĂ©es Ă  contenter l’ethnographe. Si un rituel peut donc fort bien se passer de commentaires hermĂ©neutiques, le Bwete possĂšde nĂ©anmoins trĂšs nettement une tradition exĂ©gĂ©tique propre. Les initiĂ©s sont rapidement capables – et avides- de dĂ©velopper un discours abondant sur les significations de tel geste ou objet rituel, d’aprĂšs leurs propres interprĂ©tations et celles que leur ont divulguĂ©es les aĂźnĂ©s. 3 À partir de l’exemple du rituel jaĂŻniste puja, Humphrey & Laidlaw 1994 soutiennent ainsi que le ... 7Cette tension permanente au cƓur du rituel entre la forme vide de l’obligation traditionnelle je fais cela parce que c’est ainsi et la surabondance des motivations symboliques je fais ceci parce que ceci signifie cela ne fait que reflĂ©ter le dĂ©calage entre la performance rituelle et son exĂ©gĂšse. La mĂ©morisation et la maĂźtrise opĂ©ratoire des sĂ©quences d’actes prĂ©cĂšdent leur Ă©ventuelle explicitation3. Et la sĂ©ance d’enseignement des cadets par les aĂźnĂ©s est toujours relĂ©guĂ©e au matin qui suit la veillĂ©e. L’implication rituelle repose donc sur un Ă©cart entre l’exĂ©cution de sĂ©quences d’actions bien dĂ©finies et un savoir sur ces actions irrĂ©mĂ©diablement incomplet et incertain. Cet Ă©cart ne se rĂ©sorbe jamais complĂštement la relance indĂ©finie du jeu interprĂ©tatif fait qu’aucune exĂ©gĂšse ne viendra jamais combler totalement la distance entre la performance rituelle et la comprĂ©hension qu’on peut en avoir. 4 Humphrey & Laidlaw ibid. rejettent cette hypothĂšse d’un code symbolique partagĂ© au principe du r ... 8On voit ainsi apparaĂźtre les rapports complexes qu’entretiennent l’action rituelle et les significations exĂ©gĂ©tiques qui lui sont attachĂ©es. En tant que suite des gestes et paroles des ancĂȘtres dont les aĂźnĂ©s ont la garde, le rituel du Bwete se suffit Ă  lui-mĂȘme et pourrait Ă  la limite se passer de toute interprĂ©tation exĂ©gĂ©tique. La collaboration rĂ©glĂ©e des initiĂ©s dans l’action rituelle ne nĂ©cessite donc aucun code symbolique partagĂ© par tous les acteurs4. Au contraire, un tel code appauvrirait sensiblement le Bwete. C’est justement parce qu’il n’y a pas d’entente prĂ©alable sur ce que signifie exactement le rituel que ce dernier peut s’accommoder de multiples interprĂ©tations, donner lieu Ă  des exĂ©gĂšses si bavardes, et toujours laisser penser qu’il recĂšle encore d’autres mystĂšres. 9La performance rituelle est donc une action formalisĂ©e qui en elle-mĂȘme ne communique aucun contenu signifiant. Cet argument peut paraĂźtre acceptable pour l’action rituelle – la conception sĂ©miotique selon laquelle gestes et danses communiquent un message n’étant dĂ©jĂ  qu’une analogie discutable. Mais l’hypothĂšse est plus contestable pour la parole rituelle dont on attend qu’elle vĂ©hicule un contenu propositionnel signifiant – le langage Ă©tant avant tout un medium de communication. 5 Sur la parole rituelle, cf. Du Bois 1986. 6 RapiditĂ© qui se retrouve dans les danses et les chants. 10Pourtant, nombre d’initiĂ©s profĂšrent chants et invocations sans vraiment comprendre les paroles prononcĂ©es, qui ne sont pas nĂ©cessairement dans leur langue maternelle et que l’élocution chantĂ©e contribue de toute façon Ă  dĂ©former. Mais l’intelligibilitĂ© immĂ©diate des paroles n’a en rĂ©alitĂ© que peu d’importance pour le locuteur comme pour l’auditoire – chacun se contentant d’une interprĂ©tation fort libre sur le sens gĂ©nĂ©ral de la performance. L’important est moins le contenu que la forme de l’acte verbal qui doit respecter une structure prosodique distinctive. Ainsi l’invocation masculine mwago se caractĂ©rise par une structure rĂ©pĂ©titive et un style d’élocution entre la parole et le chant, imitant vaguement une lamentation. Ces traits formels permettent de distinguer l’invocation Ă  la fois de la parole ordinaire et des autres chants de la veillĂ©e5. Des contrastes prosodiques sĂ©parent Ă©galement les diffĂ©rentes branches du Bwete, tels des marqueurs distinctifs audibles par rapport Ă  l’invocation articulĂ©e du MyɔbΔ, celle du NgɔndΔ est exĂ©cutĂ©e sur un tempo effrĂ©nĂ© qui rend dĂ©libĂ©rĂ©ment la parole inintelligible6. 11Une performance orale rĂ©ussie doit donc respecter certaines formes prosodiques, mais n’a pas besoin de transmettre un message entiĂšrement intelligible. Certes, l’invocation n’est pas en elle-mĂȘme dĂ©nuĂ©e d’un sens littĂ©ral. Mais elle n’est justement jamais envisagĂ©e en elle-mĂȘme, comme pourrait l’ĂȘtre un texte. Elle est toujours un acte de parole singulier attachĂ© Ă  un contexte spĂ©cifique. Il n’est alors pas pertinent de considĂ©rer la valeur propositionnelle des Ă©noncĂ©s hors de leur contexte d’énonciation, puisque cette valeur n’est pas une pure propriĂ©tĂ© intrinsĂšque de l’énoncĂ©. Dans les chants et les invocations, le langage ne sert donc pas Ă  transmettre fidĂšlement un message. Il s’agit plutĂŽt d’une transformation de la parole ordinaire reposant sur une formalisation distinctive. 7 Bloch se situe ici dans la lignĂ©e pragmatiste de Malinowski pour qui la fonction principale du lan ... 12M. Bloch a bien analysĂ© l’importance de cette formalisation du langage dans le rituel de circoncision des Merina Ă  Madagascar Bloch 19747. Discours formel, incantation et chant y sont autant d’étapes d’un mĂȘme processus de transformation du langage ordinaire la danse Ă©tant l’équivalent pour les mouvements corporels. Dans ce langage formalisĂ©, la force propositionnelle de l’énoncĂ© son aptitude Ă  dĂ©crire la rĂ©alitĂ© s’annule quand sa force illocutoire son aptitude Ă  influencer les gens atteint son maximum. La parole rituelle merina ne dit en dĂ©finitive rien sur le monde mais repose sur l’utilisation de la forme comme moyen de pouvoir. Elle n’est en effet rien d’autre que la parole autoritaire des aĂźnĂ©s, parole provenant originellement des ancĂȘtres speaking the words of the ancestors ». Le Bwete fait sensiblement le mĂȘme usage de la parole rituelle. Chants et invocations des veillĂ©es ne s’adressent d’ailleurs pas directement aux hommes mais d’abord aux ancĂȘtres. Peu importe alors que les hommes n’en comprennent pas les paroles si les ancĂȘtres entendent les bonnes formules et la bonne musique. 13Cette transformation du langage ordinaire qui rend largement incomprĂ©hensibles formules, invocations et chants du Bwete repose sur l’usage d’une langue secrĂšte. Chez les Bavove dont la langue est le gevove, ce langage initiatique est connu sous le terme mitimbo. Gevove ordinaire et mitimbo s’opposent comme le cadet et l’aĂźnĂ©, le village et la forĂȘt, le villageois et le pygmĂ©e, la visibilitĂ© et l’invisibilitĂ©, l’évidence et l’énigme. Le mitimbo est la parole insaisissable des anciens, parole dont la signification se dissimule comme le pygmĂ©e en forĂȘt. ConcrĂštement, l’écart par rapport Ă  la langue ordinaire est marquĂ© d’une part par un usage abondant de pĂ©riphrases, mĂ©taphores et mĂ©tonymies, d’autre part par de nombreux emprunts aux langues des populations voisines desquelles les Bavove ont reçu le Bwete notamment Mitsogo et Masangu. Or, si le getsogo appartient au mĂȘme groupe linguistique que le gevove groupe B30, ce n’est pas le cas du yisangu groupe B40. 14La situation se complique encore lorsque le Bwete se transmet des Bavove Ă  d’autres populations. L’important brassage ethnique dans le Bwete du Sud Gabon fait alors du mitimbo un sabir oĂč aucun locuteur ne retrouverait plus sa langue maternelle. C’est lĂ  d’ailleurs un thĂšme initiatique explicite le mitimbo porte la trace sĂ©dimentĂ©e des pĂ©rĂ©grinations du Bwete, de village en village, d’ethnie en ethnie, depuis ses origines jusqu’à nos jours. Ce sabir rituel oblitĂšre dĂ©libĂ©rĂ©ment la comprĂ©hension. Au bout de cette chaĂźne de diffusion, il devient mĂȘme une langue purement formelle qui ne vĂ©hicule plus aucun message littĂ©ral. Ainsi en va-t-il du popi ou popĂš na popĂš, langue rituelle du Bwiti des Fang du Nord Gabon qui la comparent d’ailleurs au latin d’Église Mary 1983b 267-279. Les initiĂ©s se contentent alors de mĂ©moriser des formules qu’ils rĂ©pĂštent mĂ©caniquement sans en comprendre le sens. 15Mais Ă  faire ce chemin Ă  l’envers pour retourner au cƓur historique de la sociĂ©tĂ© initiatique, parmi les communautĂ©s mitsɔgɔ du Bwete Disumba dans la rĂ©gion Dibowa entre les villages IkobĂ© et EtĂ©kĂ©, on constate que la langue rituelle ne redevient pas pour autant transparente. Le povi, orateur du Disumba, parle bien en getsɔgɔ, mais dans une langue encore obscurcie et travestie. Les emprunts moins nombreux aux langues voisines laissent alors la place Ă  un art consommĂ© des doubles sens et autres transpositions imagĂ©es. Le pĂ©nis s’appelle ainsi Mosuma mwana Etsike a ma tsika ka mbeyi mikanga, c’est-Ă -dire Mosuma fils d’Etsike qui a laissĂ© les riviĂšres percĂ©es – ce qui renvoie Ă  la dĂ©floration, le vagin Ă©tant dĂ©signĂ© par le terme Mobogwe qui est le nom d’une riviĂšre. Tout l’art du povi est de dissimuler un sens secret sous un sens littĂ©ral. Comme le note R. Sillans 1967 74-99, les rĂ©cits initiatiques sont en outre pleins d’incohĂ©rences, inversions et rĂ©pĂ©titions, et sont de toute façon dĂ©bitĂ©s Ă  une cadence si soutenue qu’ils en deviennent inintelligibles. 16Cet usage singulier du getsɔgɔ ordinaire doit d’abord permettre de cacher le sens du message aux profanes lorsque le povi parle en public. Mais, puisque le povi travestit encore ses paroles Ă  l’écart de toute oreille profane, il s’agit tout aussi bien d’obscurcir la signification pour les initiĂ©s eux-mĂȘmes. Ainsi, les initiĂ©s du Disumba tsogo ignorent eux aussi la plupart du temps la signification exacte des formules rituelles. La fonction de la langue rituelle sert donc moins Ă  protĂ©ger le secret qu’à le crĂ©er et le suggĂ©rer elle ne cache pas aux profanes une vĂ©ritĂ© transparente aux initiĂ©s ; elle rend le Bwete Ă©nigmatique Ă  tous, y compris aux initiĂ©s. 8 Pour l’ethnographe, cette situation rend impossible toute traduction littĂ©rale il ne faut pas ... 17Des riches mĂ©taphores du povi tsɔgɔ au formalisme vide du popi des Fang en passant par la situation hybride du mitimbo des Bavove, il n’y a donc qu’une seule et mĂȘme logique celle d’un refus de la littĂ©ralitĂ© au service des aĂźnĂ©s. La langue rituelle ne conserve pas prĂ©cieusement les secrets initiatiques. Elle ne vise pas Ă  transmettre fidĂšlement des messages, mĂȘme cryptĂ©s. Elle instaure plutĂŽt une hĂ©tĂ©ronomie dans l’accĂšs aux significations initiatiques elle suggĂšre un savoir possible mais inaccessible, et impose ainsi le recours Ă  l’interprĂ©tation des aĂźnĂ©s qui en dĂ©tiennent le monopole8. Ce recours aux aĂźnĂ©s s’impose en rĂ©alitĂ© dĂšs la premiĂšre veillĂ©e d’initiation lorsque le banzi se fait expliquer ses visions par le pĂšre initiateur. D’emblĂ©e, lui est refusĂ© un accĂšs autonome Ă  la signification de sa propre expĂ©rience. Ce dĂ©calage entre l’expĂ©rience rituelle et son Ă©lucidation interminable joue ainsi un rĂŽle constitutif dans la structuration du rapport au savoir initiatique. LE BWƐNZƐ L’ENSEIGNEMENT INITIATIQUE 9 Ou au nzimbe qui est l’équivalent du bwΔnzΔ dans la branche Disumba. 18L’enseignement initiatique est tout Ă  fait spĂ©cifique et marque une rupture avec le cadre de la conversation ordinaire. Ce n’est qu’au bwΔnzΔ qu’on peut parler le Bwete » vɔvɔkɔ Bwete Δ »9. Le bwΔnzΔ dĂ©signe d’abord le site en forĂȘt interdit aux profanes mais aussi, par extension, n’importe quel lieu oĂč les initiĂ©s peuvent parler en apartĂ©. Le bwΔnzΔ est le lieu du secret. Les initiĂ©s n’hĂ©sitent pas Ă  s’y mettre entiĂšrement nus, lorsqu’il s’agit de montrer la nuditĂ© du Bwete, c’est-Ă -dire d’aborder les affaires les plus secrĂštes. Un bwenze une sĂ©ance d’enseignement initiatique est organisĂ© le lendemain matin de chaque veillĂ©e rituelle les aĂźnĂ©s y reviennent sur ce qui a Ă©tĂ© fait au cours de la nuit – ce qui illustre bien la dimension rĂ©trospective du commentaire initiatique. Mais on peut aussi profiter de toute autre occasion visite chez un parent initiĂ©, invitation d’aĂźnĂ©s Ă  venir parler. 19L’enseignement initiatique, c’est aussi un certain type de relation entre aĂźnĂ©s et cadets. La transmission du savoir suit scrupuleusement la hiĂ©rarchie initiatique des aĂźnĂ©s supposĂ©s savoir enseignent Ă  des cadets dĂ©sirant savoir. Le pĂšre initiateur est le premier Ă  enseigner ses banzi. Mais dans les faits, n’importe quel aĂźnĂ©, y compris celui d’une autre communautĂ© locale, peut venir occuper la place du maĂźtre dans le dispositif du bwenze. Souvent, une sĂ©ance commence par quelques Ă©nigmes posĂ©es au cadet, afin de tester sa connaissance, mais aussi de l’obliger Ă  se dĂ©clarer ignorant, et donc de rĂ©affirmer explicitement la relation d’inĂ©galitĂ© au principe de la transmission. 10 C’est l’argument central de Jamin 1977. 20Cette relation de subordination se traduit directement dans le systĂšme des attitudes. C’est ce que les initiĂ©s appellent mabɔndo ou digɔba, le respect dĂ» aux aĂźnĂ©s Pour connaĂźtre tout ça, il faut plier les genoux. » Le cadet doit parfois s’agenouiller effectivement pour recevoir la connaissance de son aĂźnĂ©, signe de soumission qui reproduit la posture de prise de bĂ©nĂ©diction. À l’inverse, les aĂźnĂ©s savent instrumentaliser la rĂ©tention du secret taire, mentir, faire attendre Ă  leur profit peu importe alors le contenu dissimulĂ© du secret, du moment que le seul fait de le taire affirme manifestement le rapport de subordination10. Au bwenze, le savoir et l’ignorance se manipulent et le respect se joue – les cadets n’étant pas les derniers Ă  ruser pour parvenir Ă  arracher le Bwete » Ă  ceux qui savent. 11 Les rapports monĂ©taires semblent plus importants dans le Misɔkɔ que dans le Disumba. Le Misɔkɔ con ... 12 C’est exactement le sens du ΌύÎČÎżÎ»ÎżÎœ grec du verbe Ï…ÎŒÎČΏλλΔÎčΜ joindre » objet partagĂ© entre ... 21Cette relation de subordination s’exprime Ă©galement dans l’obligation d’une rĂ©tribution matĂ©rielle, le plus souvent monĂ©taire de quelques centaines Ă  quelques milliers de francs CFA il faut poser le Bwete » Ă  celui qui parle le Bwete. Si l’aĂźnĂ© donne un secret, le cadet doit lui donner quelque chose en Ă©change. Comme le dit crĂ»ment la formule le Bwete, c’est l’argent », tout se paie dans la sociĂ©tĂ© initiatique et plus largement dans toutes les sociĂ©tĂ©s initiatiques au Gabon veillĂ©es, fĂ©tiches, mĂ©dicaments, savoir11. Le prix du Bwete dĂ©pend de la valeur du savoir divulguĂ©, c’est-Ă -dire en rĂ©alitĂ© de la valeur de l’aĂźnĂ©. À un pĂšre initiateur, on donnera plus qu’à un aĂźnĂ© proche de soi et celui qui s’estime lĂ©sĂ© en dira moins. Si le cadet n’a rien Ă  donner sur le moment, il cueille une feuille et la tend Ă  l’aĂźnĂ© qui en arrache la moitiĂ© le partage des deux moitiĂ©s vaut comme une reconnaissance de dette12. 22S’il ne s’acquitte pas de la contrepartie, le dĂ©biteur est censĂ© oublier tout ce qui lui a Ă©tĂ© racontĂ© dĂšs la fin du bwΔnzΔ En donnant, tu crois que tu donnes Ă  la personne qui va attraper l’argent, mais c’est aux gĂ©nies que tu donnes. C’est pour faire en sorte que tout ce qu’ils vont te parler, ça rentre dans la tĂȘte et dans le cƓur, et c’est inoubliable. » Le destinataire du don est en rĂ©alitĂ© multiple l’aĂźnĂ© qui empoche l’argent, mais surtout les gĂ©nies mikuku et le Bwete lui-mĂȘme d’oĂč les expressions poser les mikuku » ou poser le Bwete ». Les aĂźnĂ©s ne sont en effet que les dĂ©positaires d’une connaissance initiatique dont les ancĂȘtres sont les dĂ©tenteurs originaires. Le paiement du bwΔnzΔ s’inscrit ainsi dans un systĂšme plus gĂ©nĂ©ral de la dette initiatique. Être initiĂ©, c’est ĂȘtre dĂ©biteur d’une dette infinie contractĂ©e envers les ancĂȘtres mikuku et le Bwete dette proprement inacquittable d’avoir Ă©tĂ© de nouveau mis au monde Ă  travers l’initiation. Le pĂšre initiateur n’occupe donc jamais que la seconde place, aprĂšs le Bwete et les ancĂȘtres. Il entre Ă©videmment dans de tels discours quelque hypocrisie qui tient Ă  la mystification des rapports Ă©conomiques d’appropriation. Il est cependant vrai que le pĂšre initiateur lui-mĂȘme continue de payer la dette du Bwete, Ă  travers les dĂ©penses et les efforts du travail rituel. Tout le monde paie aux ancĂȘtres le savoir et le pouvoir qu’ils ont lĂ©guĂ©s avec le Bwete. 23Avant chaque bwΔnzΔ, l’aĂźnĂ© donne aux cadets une mixture, appelĂ©e dikasi ou ekasi, contenant du miel, de la cola pilĂ©e et des feuilles Ă©crasĂ©es de tangimina commelinacĂ©e indĂ©terminĂ©e dont le nom signifie se souvenir ». Cette prĂ©paration permet au cadet de ne pas oublier ce qu’on lui raconte, conjurant ainsi un risque inhĂ©rent au caractĂšre oral de l’enseignement initiatique. La conception sous-jacente de l’oubli est en rĂ©alitĂ© plus complexe qu’il n’y paraĂźt C’est un dikasi qu’on te donne pour que cela reste dans ta tĂȘte. MalgrĂ© n’importe qui Ă  qui tu vas parler, tu as dĂ©jĂ  tout encaissĂ©. Parce que si on te dit une parole aujourd’hui, toi aussi, tout de suite, tu dis Ă  l’autre. Quand tu parles, cela reste avec l’autre, ça part sur lui pour toujours. Donc on ne parle pas le Bwete n’importe comment. Ce sont tes rĂ©serves, tes secrets. » L’oubli ne provient pas d’un dĂ©faut d’attention mais d’une dilapidation du savoir initiatique. C’est pour cela que l’aĂźnĂ© mange Ă©galement sa part de la mixture il doit conjurer le risque de perdre son savoir en le divulguant au cadet. Transmettre un secret Ă  un tiers, c’est risquer de le perdre en l’oubliant aussitĂŽt – ce qui rĂ©vĂšle bien que la valeur du secret tient Ă  sa rĂ©tention. L’enseignement initiatique du Bwete se situe donc Ă  l’opposĂ© d’une pĂ©dagogie humaniste transmettant un savoir commun partageable, conception dominante de notre systĂšme acadĂ©mique et de son savoir scientifique. 13 Ils ressemblent donc, dans un autre domaine, Ă  nos journaux intimes documents Ă©crits qui ne sont ... 24C’est pourquoi coucher par Ă©crit l’enseignement initiatique ne se fait pas. La trace Ă©crite, au lieu de pallier les mĂ©moires dĂ©faillantes, redoublerait au contraire le risque d’oubli. Elle constitue une divulgation publique qui confine Ă  la dilapidation totale. Si l’enseignement initiatique est dĂ©tachĂ© de toute performance orale, il risque en effet d’échapper aux aĂźnĂ©s qui en perdent le contrĂŽle. MalgrĂ© cet interdit, quelques initiĂ©s disposent de documents personnels sur le Bwete texte de chants ou invocations. Mais il est notable que ces documents Ă©crits, soigneusement cachĂ©s dans des sacs, ne sont gĂ©nĂ©ralement pas destinĂ©s Ă  ĂȘtre montrĂ©s Ă  des tiers ou alors uniquement dans le secret du bwΔnzΔ13. 14 Par exemple, F. Barth my strong suspicion is that the bodies of native explanation that we fin ... 25Le savoir initiatique est ainsi fermement attachĂ© au cadre spĂ©cifique de sa transmission au bwenze. Le discours tenu sur le rituel a lieu dans un contexte lui-mĂȘme fortement ritualisĂ© coupure marquĂ©e par rapport aux contextes ordinaires de communication. Trop souvent, dans les descriptions anthropologiques du rituel, le lecteur ne sait quelle valeur et quel statut accorder aux interprĂ©tations qui lui sont donnĂ©es, faute de prĂ©cision explicite. À la description de l’action rituelle s’ajoutent toujours des exĂ©gĂšses dont on ne sait jamais trĂšs bien de qui elles sont le fait interprĂ©tations de l’auteur, commentaires d’initiĂ©s ou de profanes. Et quand il est prĂ©cisĂ© que les initiĂ©s en sont les auteurs, on ignore souvent dans quel contexte cette information a Ă©tĂ© transmise Ă  l’ethnographe discussion libre entre initiĂ©s ou rationalisation ad hoc pour satisfaire l’anthropologue, banale conversation ou discours spĂ©cifique. On ignore par consĂ©quent si les commentaires touchant le rituel font pleinement partie de la sociĂ©tĂ© ou ne sont qu’une Ă©laboration secondaire largement factice. Ce dĂ©faut de contextualisation des exĂ©gĂšses rituelles peut lĂ©gitimement entraĂźner une suspicion d’artificialitĂ©14. Le commentaire sur le rituel est loin d’ĂȘtre un discours naturel et Ă©vident, universellement partagĂ© par les initiĂ©s et les anthropologues. C’est toujours au contraire un type spĂ©cifique de discours, culturellement marquĂ© et donc Ă©minemment variable. 26L’essentiel des exĂ©gĂšses que j’ai pu recueillir sur le Bwete l’ont Ă©tĂ© dans le cadre d’innombrables sĂ©ances de bwenze entre initiĂ©s. Commentaires, interprĂ©tations et rationalisations appartiennent pleinement Ă  la tradition initiatique locale le Bwete est disert et n’en finit jamais de se dĂ©crire lui-mĂȘme, de revenir sur ses propres actes en leur attribuant des significations. La classique situation ethnographique de recueil d’information a donc pu et dĂ» s’insĂ©rer dans un contexte autochtone prĂ©existant, avec ses rĂšgles propres mais aussi ses relations de subordination dans lesquelles il a bien fallu accepter de me laisser enfermer. Ces contraintes de l’enseignement initiatique contrarient parfois les nĂ©cessitĂ©s du travail ethnographique, ce qu’illustre bien le problĂšme de la prise de notes. Un ethnographe est avant tout quelqu’un qui passe son temps Ă  coucher sur de petits carnets tout ce qu’il observe et ce qu’on lui dit, source inĂ©puisable d’amusement et d’étonnement pour ses interlocuteurs. Mais dans le secret du bwΔnzΔ, cette activitĂ© professionnelle heurte de front l’interdit de l’écrit ou de l’enregistrement qui protĂšge le pouvoir des aĂźnĂ©s. Je n’ai heureusement pas eu tout le temps Ă  me fier Ă  ma simple mĂ©moire et aux vertus de la feuille tangimina aprĂšs avoir installĂ© une relation de confiance avec les initiĂ©s, j’ai pu la plupart du temps prendre en notes ou enregistrer les sĂ©ances au bwΔnzΔ. 15 La Bible joue sans doute un rĂŽle dans l’affaire qu’une religion, que les Gabonais connaissent to ... 27Les justifications et conditions de cette transgression tolĂ©rĂ©e du secret et de l’oralitĂ© variaient selon les initiĂ©s. Beaucoup reportaient le problĂšme en aval je peux Ă©crire ou enregistrer, Ă  condition que je sois Ă©galement initiĂ© au Mwiri ce qui a Ă©tĂ© fait, de maniĂšre Ă  protĂ©ger mes propres secrets et assurer ma responsabilitĂ©. D’autres avaient acceptĂ© que le Bwete devienne public et s’écrive dans des livres le Bwete appartient dĂ©sormais Ă  tout le monde et ne doit pas ĂȘtre accaparĂ© par quelques aĂźnĂ©s jaloux. Les remises en cause du dispositif de transmission du savoir existent donc au sein mĂȘme du champ initiatique15. J’ai ainsi pu obtenir de la part de mes principaux interlocuteurs l’autorisation explicite d’écrire et publier. On verra de toute façon plus loin comment l’ironie du Bwete minimise en rĂ©alitĂ© beaucoup le pĂ©ril de la transgression de ce secret. LE BRICOLAGE DU SAVOIR INITIATIQUE 28L’attachement du savoir initiatique au cadre spĂ©cifique du bwΔnzΔ pĂšse sur la forme mĂȘme de ce savoir. La multiplication des occasions de bwΔnzΔ et des aĂźnĂ©s avides d’occuper la place du maĂźtre donne notamment du savoir initiatique une image Ă©clatĂ©e. Les initiĂ©s soulignent qu’il n’est pas bon de recevoir le Bwete des mains et de la bouche d’une seule personne, fĂ»t-ce son propre pĂšre initiateur. Les rencontres et Ă©changes entre initiĂ©s sont d’ailleurs intenses, Ă  travers les invitations entre communautĂ©s voisines, les carriĂšres individuelles croisant plusieurs branches et sociĂ©tĂ©s initiatiques, ou encore les pĂ©riples initiatiques chez les ethnies rĂ©putĂ©es expertes dans les choses initiatiques, comme les Mitsɔgɔ, Gapinzi, Bavove, Simba ou pygmĂ©es. Les initiĂ©s ont ainsi l’occasion d’entendre de nombreuses voix souvent divergentes. 29MalgrĂ© l’ancrage local des communautĂ©s, le savoir initiatique est donc le rĂ©sultat d’un brassage d’élĂ©ments de provenances diverses. Les cent kilomĂštres de la route entre Libreville et Kango, dont les bas-cĂŽtĂ©s rĂ©vĂšlent d’innombrables mbandja de multiples sociĂ©tĂ©s initiatiques et origines ethniques, en sont la meilleure illustration. Mais cette logique est commune Ă  l’ensemble des communautĂ©s initiatiques, qui sont en quelque sorte des zones de contact permanentes, y compris en milieu villageois. Le savoir initiatique du Bwete est ainsi le produit d’un bricolage de fragments parfois hĂ©tĂ©rogĂšnes. A. Mary en a minutieusement analysĂ© la logique dans le Bwiti fang, oĂč le syncrĂ©tisme chrĂ©tien est particuliĂšrement important Mary 1999. Plus au sud, les Ă©lĂ©ments chrĂ©tiens sont absents ou nettement plus rares. Comme le montre bien le sabir rituel, c’est plutĂŽt la logique des emprunts entre populations voisines qui rĂšgle ce bricolage – les Ă©changes entre ces populations Ă©tant anciens, intenses et souvent indĂ©mĂȘlables situation particuliĂšrement nette pour les groupes Β10, B30 et B40. 16 On a coutume de lire aujourd’hui Dieu d’eau de M. Griaule comme le plus bel exemple de cette mysti ... 30La fiction du vieux sage indigĂšne, dĂ©tenteur omniscient d’un systĂšme de pensĂ©e bien ordonnĂ©, est donc parfaitement intenable – la multiplication des sources ayant vite fait de rĂ©vĂ©ler lacunes et contradictions16. Le savoir initiatique du Bwete est moins un savoir Ă  proprement parler qu’un agrĂ©gat de discours fragmentaires inĂ©galement distribuĂ©s entre initiĂ©s. Cette polyphonie du Bwete est d’autant plus marquante qu’elle est souvent discordante le premier poteau du corps de garde, est-ce le fil de l’araignĂ©e ou le pĂ©nis en Ă©rection ? Doit-on placer la torche Ă  droite ou Ă  gauche du poteau central lors de la sortie des danseurs ? Dans ces frĂ©quents dĂ©saccords entre initiĂ©s se jouent en rĂ©alitĂ© les rapports de forces entre aĂźnĂ©s pour le contrĂŽle des cadets au niveau de la communautĂ© locale. Servant Ă  exprimer indirectement les jalousies et rivalitĂ©s entre initiĂ©s et communautĂ©s, le savoir initiatique fait donc l’objet d’une manipulation intĂ©ressĂ©e. 17 Un initiĂ© expliquait ainsi Ă  R. Sillans on crĂ©e une branche chaque fois que l’on voit des chos ... 31À cette polyphonie discordante s’ajoute encore le rĂŽle des inventions personnelles. Les initiĂ©s reconnaissent en effet l’importance de l’innovation individuelle dans le savoir initiatique, Ă  travers la place accordĂ©e au rĂȘve ndɔti et Ă  la vision. L’activitĂ© onirique inspire ou sert ainsi Ă  justifier des innovations liturgiques, exĂ©gĂ©tiques ou mythiques dont les plus significatives mĂšnent parfois Ă  des schismes et Ă  la crĂ©ation de nouvelles branches initiatiques17. Le rĂȘve joue d’ailleurs un rĂŽle dĂ©cisif dans les mythes d’origine du Bwete un parent mort divulgue en rĂȘve les secrets de l’eboga, la recette des fĂ©tiches, la conduite Ă  tenir pour soigner, consulter ou faire une chasse miraculeuse. Le Bwete commence ainsi par le rĂȘve, principal moyen de communication avec les ancĂȘtres. Le rĂȘve est donc au principe d’un paradoxe qui permet et justifie l’innovation individuelle message rĂ©vĂ©lĂ© Ă  un individu singulier, il surpasse pourtant l’enseignement initiatique des aĂźnĂ©s puisqu’il Ă©mane des ancĂȘtres dont provient censĂ©ment tout le savoir du Bwete. L’innovation individuelle procĂšde donc directement des ancĂȘtres. 18 Pour rendre compte de la forte variabilitĂ© des idĂ©es et pratiques religieuses des populations des ... 32Il n’est ainsi pas rare de recueillir sur le terrain des rĂ©cits mythiques qui diffĂšrent des versions canoniques et semblent d’invention rĂ©cente. Les innovations rĂ©ussies ne sont pourtant pas des crĂ©ations ex nihilo mais des reconfigurations de rĂ©cits classiques qui mettent en relief des Ă©lĂ©ments souvent dĂ©jĂ  prĂ©sents de maniĂšre implicite. Ce processus de rĂ©agencement permet ainsi de gĂ©nĂ©rer des histoires inĂ©dites et pourtant immĂ©diatement familiĂšres pour une oreille initiĂ©e. Mais il est normal qu’une sociĂ©tĂ© initiatique qui repose autant sur l’implicite et le secret octroie une place consĂ©quente Ă  l’innovation individuelle18. L’indĂ©termination et le caractĂšre allusif qui sont les caractĂ©ristiques premiĂšres du langage rituel appellent naturellement les interprĂ©tations idiosyncrasiques. Et cela d’autant plus facilement que le Bwete fonctionne sur le principe de la pleine autonomie des communautĂ©s initiatiques locales. Le travail de crĂ©ation peut donc s’exercer sur un vaste champ de connotations partiellement indĂ©terminĂ©es, mais mobilisant des champs thĂ©matiques renvoyant Ă  des expĂ©riences communes et donc facilement partageables sexualitĂ©, naissance, mort, sorcellerie – thĂšmes abordĂ©s plus prĂ©cisĂ©ment dans la troisiĂšme partie de l’ouvrage. Tel initiĂ© pourra ainsi accentuer systĂ©matiquement la symbolique sexuelle fĂ©minine, alors que tel autre jouera au contraire sur les allusions phalliques. Tel insistera sur le rĂŽle de l’oncle utĂ©rin, tel autre sur celui du pĂšre. 33La norme de l’innovation est donc claire de nouveaux contenus peuvent venir enrichir indĂ©finiment le savoir initiatique tant qu’ils prennent bien la forme du savoir lĂ©guĂ© par les ancĂȘtres formes stĂ©rĂ©otypĂ©es dĂ©crites en dĂ©tail au prochain chapitre. Le savoir initiatique n’est donc pas un catalogue figĂ© de reprĂ©sentations collectives mais au contraire le lieu d’une articulation entre Ă©laborations personnelles et formes traditionnelles. Je rejoins sur ce point les analyses de P. Boyer 1980 l’enseignement des aĂźnĂ©s sert Ă  inculquer aux novices la grammaire des rapports entre symbolisme individuel et tradition. Le savoir initiatique est donc plus un mĂ©ta-savoir une forme spĂ©cifique d’énoncĂ©s qu’un vĂ©ritable savoir un corpus d’énoncĂ©s. 19 La sociĂ©tĂ© initiatique Bwete est en fait un rĂ©seau de communautĂ©s locales Ă  la fois autonomes et e ... 34À force de circuler, se transformer et se contredire, les Ă©noncĂ©s du savoir initiatique paraissent en dĂ©finitive flotter sans que l’on sache bien Ă  qui les attribuer au-delĂ  de leur pure performance par un locuteur singulier invention individuelle, reprĂ©sentation collective Ă©manant de la communautĂ© locale, de la branche ou de la sociĂ©tĂ© initiatique ? Et faut-il derriĂšre cela entendre le discours anonyme de la culture du locuteur ou de l’ethnie d’origine de la branche initiatique ? Les Ă©noncĂ©s du savoir initiatique semblent en dĂ©finitive faire partie de formations collectives intermĂ©diaires, sorte de culture initiatique spĂ©cialisĂ©e mais inĂ©galement distribuĂ©e entre les acteurs et possĂ©dant un fort coefficient de dispersion19. C’est donc moins une cosmologie indigĂšne bien ordonnĂ©e qu’un ensemble inventif et complexe mais faiblement systĂ©matisĂ© » creative and complex yet poorly systematized », pour reprendre une expression de F. Barth 1975 222 Ă  propos des Baktaman qui convient fort bien au Bwete. Le terme savoir initiatique » ne doit donc pas ĂȘtre pris en son sens littĂ©ral de systĂšme de connaissances portant sur le monde, mais plutĂŽt comme une catĂ©gorie autochtone ou un raccourci commode pour dĂ©signer l’ensemble hĂ©tĂ©rogĂšne des Ă©noncĂ©s divulguĂ©s dans le contexte spĂ©cifique du bwΔnzΔ. 35Et il ne faudrait pas croire que cette non-systĂ©maticitĂ© du savoir initiatique provienne de la dĂ©gradation irrĂ©versible d’une tradition mythique et rituelle autrefois harmonieuse mais dont le temps violent de l’histoire n’aurait laissĂ© que des lambeaux dĂ©chiquetĂ©s. Comme si le Bwete n’était plus aujourd’hui que le reflet dĂ©gradĂ© de son propre passĂ©. Cette conception entropique est parfois relayĂ©e par l’idĂ©ologie autochtone qui affirme que les gĂ©nĂ©rations prĂ©cĂ©dentes en ont toujours su plus. Ce jugement, tout relatif, ne fait en rĂ©alitĂ© que rĂ©affirmer la place constitutive des ancĂȘtres dans le Bwete. L’idĂ©ologie initiatique repose en effet sur un enchantement ou un rĂ©-enchantement systĂ©matique du passĂ©, qui survalorise les ancĂȘtres et les anciens sur le mode nostalgique de la perte irrĂ©mĂ©diable. Sans aucun doute, bien des Ă©lĂ©ments rituels et mythiques ont dĂ» disparaĂźtre, mais d’autres ont Ă©tĂ© introduits et le sont continuellement. Le Bwete, aujourd’hui bien vivant au Gabon, n’est pas un conservatoire figĂ© du passĂ©, mais une tradition en perpĂ©tuelle transformation. L’unitĂ© du Bwete n’existe ainsi que comme l’horizon inaccessible de l’enseignement initiatique loin d’ĂȘtre le produit de la dĂ©tĂ©rioration du temps, l’aspect fragmentaire du Bwete permet de faire de l’acquisition du savoir initiatique une tĂąche proprement interminable. LE BWETE NE FINIT JAMAIS » 20 Comme l’écrit P. Boyer 1980, si l’initiĂ© n’en sait pas plus que le profane sur le monde, il envi ... 36L’une des formules favorites des initiĂ©s affirme que dans le Bwete, tout a une explication ». Les Mitsɔgɔ assurent mĂȘme que c’est Ă  cause de cela qu’ils ont longtemps refusĂ© l’École des Blancs, persuadĂ©s de la supĂ©rioritĂ© du savoir transmis dans le Bwete. Le Bwete possĂšde en effet la propension Ă  absorber la moindre chose pour en faire une entrĂ©e du savoir initiatique il est censĂ© pouvoir rendre raison de la feuille que le vent fait bouger ou du chien qui aboie. Les initiĂ©s ne s’intĂ©ressent cependant pas Ă  ces phĂ©nomĂšnes pour eux-mĂȘmes, et ne cherchent pas Ă  Ă©noncer quelque chose de leur nature. Ils ne les intĂšgrent au Bwete que pour leur donner la forme canonique du savoir initiatique, les insĂ©rant dans des Ă©noncĂ©s stan dardisĂ©s20 Le Bwete arrache au monde des items pour en faire la matiĂšre d’énigmes, d’homologies secrĂštes ou de rĂ©cits d’origine. 37On est lĂ  exactement dans ce que D. Sperber appelle le savoir ou dispositif symbolique Sperber 1974. Le savoir symbolique est infini et semble porter sur le monde comme le savoir encyclopĂ©dique. En rĂ©alitĂ©, il ne porte pas sur les phĂ©nomĂšnes mais seulement sur leurs reprĂ©sentations. Un Ă©noncĂ© symbolique est une reprĂ©sentation mise entre guillemets pour faire l’objet d’une seconde reprĂ©sentation. Si dans le Bwete, tout possĂšde une explication, c’est que tout item peut faire l’objet d’une mise entre guillemets dans le savoir initiatique. Un vulgaire caillou y acquiert des significations cachĂ©es d’oĂč vient ce caillou ? qui a fait le premier caillou ? dans quel village ? Ă  quelle partie du corps renvoie-t-il ? Et chaque item possĂšde toujours plusieurs entrĂ©es dans le savoir initiatique et ne reçoit jamais une valeur unique le chasse-mouches a pour analogue la main, la tĂȘte et les cheveux, ou la queue du porc-Ă©pic ; le corps de garde, c’est un homme courbĂ© ou un Ă©lĂ©phant. 21 F. Barth relevait la mĂȘme structure feuilletĂ©e dans le savoir initiatique des Baktaman, la compara ... 38Cette polysĂ©mie est structurĂ©e par l’ordre des secrets, selon la mĂ©taphore autochtone de la profondeur qui organise la progression de l’enseignement initiatique. Ce qui a le plus de valeur, c’est l’origine go ebando et le fond go tsina d’une chose. La mĂ©taphore renvoie aux paquets-fĂ©tiches du Bwete, mĂ©ticuleusement emballĂ©s dans des feuilles, des tissus ou des raphias, solidement ligotĂ©s, puis cachĂ©s au fond des corbeilles en rotin ou des besaces pΔngΔ. Divulguer un secret, c’est ainsi ouvrir le pΔngΔ » ou dĂ©faire le paquet ». Et recevoir le dernier secret, c’est voir enfin le fond du sac ». Mais la mĂ©taphore de la profondeur renvoie Ă©galement Ă  la forĂȘt plus on s’y enfonce, plus les secrets y sont importants – d’oĂč la valeur symbolique des pygmĂ©es et du campement de chasse. Le savoir initiatique possĂšde ainsi une structure feuilletĂ©e en niveaux de profondeur21. L’enseignement initiatique se prĂ©sente comme un approfondissement indĂ©fini du secret chaque signification secrĂšte appelle toujours une autre explication plus profonde. 39Ceci apparaĂźt bien dans un trait singulier du savoir initiatique. Nombre des entrĂ©es de ce savoir font l’objet d’un dĂ©doublement systĂ©matique les initiĂ©s leur octroient un deuxiĂšme nom qu’ils accolent au premier par la conjonction na. Nzimbe lieu secret devient Nzimbe na Makaka. Mabundi femme initiĂ©e devient Mabundi na Modanga. Ndea branche rituelle devient Ndea na Disanga. Le principe est simple X, c’est en fait X na Y. Or, ce second terme possĂšde gĂ©nĂ©ralement une signification obscure, et n’a parfois mĂȘme aucune signification prĂ©cise. Ainsi, selon mon interlocuteur, Makaka dĂ©signe la mĂȘme chose que Nzimbe mais sous une appellation plus secrĂšte ». Il ne s’agit donc pas de qualifier un terme pour le prĂ©ciser, mais bien au contraire de l’obscurcir en lui adjoignant un vocable plus mystĂ©rieux. 40Le procĂ©dĂ© va parfois plus loin encore. Selon un mythe initiatique, la genĂšse de l’homme s’est dĂ©roulĂ©e au bord d’une riviĂšre appelĂ©e Ngobwe. C’est ce que mon interlocuteur m’a d’abord rĂ©vĂ©lĂ©. Puis, se livrant Ă  une vĂ©ritable mise en scĂšne du dĂ©voilement progressif du secret, il est revenu Ă  plusieurs reprises me prĂ©ciser ce nom, ajoutant d’autres termes jusqu’à ce que la riviĂšre devienne Ngobwe na Gedemba na Makube mabae na Minzonzi na Tongo. Chacun des noms auxiliaires, plus secret que le prĂ©cĂ©dent, Ă©tait censĂ© dĂ©signer un affluent de la riviĂšre principale. Dans le Bwete, connaĂźtre une chose, c’est en effet connaĂźtre son origine. Pour une riviĂšre, cela revient donc Ă  dĂ©terminer d’oĂč provient son eau, c’est-Ă -dire Ă  connaĂźtre le nom de ses affluents. Mais il faudrait pouvoir remonter jusqu’à la source, et en rĂ©alitĂ© jusqu’à la premiĂšre goutte d’eau. L’adjonction de noms est donc virtuellement indĂ©finie chaque ajout augmente la valeur secrĂšte du nom, mais appelle aussitĂŽt un nouvel ajout. 22 Comme l’écrit F. Barth the principle of symbolic substitution is used to augment the secrecy a ... 41Il n’y a donc aucun point d’arrĂȘt Ă  l’acquisition du savoir initiatique. Nombre de formules initiatiques soulignent bien cela le Bwete ne finit jamais », Bwete gemanΔ » le Bwete est intarissable. Le Bwete, c’est la mer ou le geliba, Ă©tendue d’eau profonde qui ne peut jamais tarir. De mĂȘme, l’enseignement du Bwete est inexhaustible comme les taches de la panthĂšre ou les Ă©cailles du python qu’on ne peut pas compter. En effet, le jeu de l’interprĂ©tation exĂ©gĂ©tique est proprement interminable puisqu’il se nourrit de lui-mĂȘme. Les associations analogiques multiplient Ă  l’infini les connexions entre les diffĂ©rents items du savoir initiatique, mais elles n’expliquent rien. On ne sort jamais de la forme du savoir initiatique. L’enseignement des aĂźnĂ©s ne consiste donc pas en un dĂ©voilement progressif d’un systĂšme de plus en plus cohĂ©rent. C’est au contraire un obscurcissement progressif Ă  travers diffĂ©rentes couches symboliques22. 23 Ce qu’avait bien vu G. Simmel dans Secret et sociĂ©tĂ©s secrĂštes 1996 93-94. 24 La mĂ©taphore du puzzle est ici appropriĂ©e, si l’on veut bien y entendre toutes les connotations du ... 42Cet approfondissement interminable du secret est isomorphe Ă  la hiĂ©rarchie initiatique. Les aĂźnĂ©s soulignent avec insistance que certains secrets sont trop profonds pour les cadets qui n’ont pas encore franchi telle ou telle Ă©tape initiatique. Le secret vaut donc autant entre initiĂ©s qu’à l’égard des profanes sĂ©paration absolue et formelle Ă  l’égard des profanes frontiĂšre externe, sĂ©paration continue et relative entre initiĂ©s frontiĂšre interne23. Ce n’est qu’entre nyima qu’il n’y a en principe plus aucun secret deux pĂšres initiateurs peuvent tout se dire. À qui connaĂźt beaucoup, on dit beaucoup ; mais Ă  qui connaĂźt peu, on dit peu. De lĂ  finalement le caractĂšre dĂ©ceptif du savoir initiatique. Les aĂźnĂ©s font tourner les cadets en rond avant de leur divulguer des secrets qui peuvent n’ĂȘtre que des mensonges, des histoires destinĂ©es Ă  embrouiller les enfants »24. Il est alors impossible de dĂ©terminer au final si l’on peut prendre pour argent comptant une rĂ©vĂ©lation ou si l’on est en train de se faire berner une fois de plus. 43Chaque sĂ©ance au bwΔnzΔ entraĂźne ainsi sa part de doute et d’insatisfaction. Toute divulgation d’un secret met en scĂšne une rĂ©tention qui en constitue le revers nĂ©cessaire je vais t’ouvrir le paquet du Mwiri. Mais je te donne seulement les trois-lĂ  [l’explication des trois scarifications initiatiques au poignet] mais pas celui-lĂ  [la marque du coude]. Je ne veux pas trop parler l’affaire lĂ . Il y a des choses que je cache pour les donner Ă  mes fils. » Au moment mĂȘme oĂč il est divulguĂ©, le savoir initiatique est prĂ©sentĂ© comme inadĂ©quat et insuffisant. L’enseignement initiatique ne repose donc pas sur un contrat tacite de comprĂ©hension comme la conversation ordinaire. Il prĂ©suppose au contraire qu’une comprĂ©hension totale est impossible. 44Pris entre les deux principaux leitmotivs de l’enseignement initiatique – dans le Bwete, tout a une explication » et le Bwete ne finit jamais »–, l’initiĂ© fait en dĂ©finitive l’épreuve d’un savoir Ă©nigmatique qui ne s’éclaircit pas au fur et Ă  mesure de sa divulgation, mais qui lui fait miroiter l’existence d’une vĂ©ritĂ© dĂ©sirable et cependant toujours ajournĂ©e. L’intĂ©rĂȘt portĂ© au savoir initiatique se nourrit ainsi paradoxalement de la dĂ©ception, du doute, de l’ambivalence et de l’insatisfaction. Plus l’initiĂ© s’enfonce et s’empĂȘtre dans les profondeurs secrĂštes du Bwete, plus le fond semble reculer, mais plus aussi cela renforce sa conviction qu’il y a une vĂ©ritĂ© plus importante au-delĂ  de ce qu’il a pu voir ou savoir. C’est bien ce qu’on peut appeler un piĂšge Ă  pensĂ©e, une chausse-trape de plus sur le chemin du Bwete. 45Un mĂȘme principe d’inachĂšvement se retrouve souvent dans les contes Ă©piques au Gabon. Ainsi, Mumbwanga conte bapunu procĂšde de digression en digression, littĂ©ralement de fourche dipaku en fourche Kwenzi Mikala 1997. Si bien qu’il est rĂ©putĂ© ne jamais finir Jusqu’à la mort, le Mumbwanga ne finira pas. » Le conteur s’arrĂȘte avec le chant du coq au matin la rĂ©citation est toujours nocturne sans avoir vĂ©ritablement achevĂ© son histoire Ă  tiroirs. Le terme de la rĂ©citation est donc en mĂȘme temps une promesse de continuation, puisque les raisons circonstancielles de l’arrĂȘt du conteur sont extĂ©rieures Ă  la logique interne du rĂ©cit Je m’arrĂȘte lĂ , mais le Mumbwanga ne finira pas. » La mĂȘme structure sans fin se retrouve dans Bitola conte Ă©pique des Bavove, mais aussi dans les Ă©popĂ©es du mvĂ«t des Fang dont P. Boyer 1988 a bien mis au jour les emboĂźtements baroques ». Le conte ne s’arrĂȘte accidentellement qu’avec le terme de la sĂ©ance de rĂ©citation et finalement avec la mort du conteur. De mĂȘme, le savoir initiatique s’interrompt artificiellement avec la fin du bwenze, et ne cesse en rĂ©alitĂ© qu’avec le dernier souffle de l’initiĂ© le Bwete ne finit jamais, sauf le jour de la mort ». 25 Ce que F. Barth avait dĂ©jĂ  repĂ©rĂ© chez les Baktaman the value of information seemed to be rega ... 46Mais la mort n’est pas seulement le terme accidentel du savoir ; elle est aussi le moment essentiel de sa divulgation. Dans le Bwete, la valeur d’un secret tient moins Ă  son contenu rĂ©el qu’au fait qu’il soit hors de portĂ©e d’un certain nombre de personnes. Valeur et diffusion du secret sont donc inversement proportionnelles. Pousser cette logique jusqu’au bout conduit au paradoxe du maximum le plus grand secret est celui qu’une seule personne possĂšde et qu’elle ne transmet pas25. Les initiĂ©s du Bwete font de cette antinomie le problĂšme central de la transmission du savoir initiatique. Si le savoir n’est pas transmis, la survie intergĂ©nĂ©rationnelle du Bwete est menacĂ©e. Mais si on le divulgue trop facilement Ă  trop d’initiĂ©s, ce savoir perd de sa valeur. Cette Ă©conomie du secret permet de comprendre le rĂŽle vĂ©ritable de la feuille aide-mĂ©moire tangimina et du paiement du savoir dire un secret, c’est le dĂ©valuer et donc le perdre. Ce drame de la transmission du savoir est gĂ©nĂ©ralement formulĂ© comme un conflit entre gĂ©nĂ©rations les jeunes gaspillent le Bwete, les anciens refusent de donner le Bwete. Le vieux, c’est celui qui sait mais ne dit presque rien Moi, je ne dis rien ou peut-ĂȘtre deux mots seulement. Les gens, ils savent dĂ©jĂ  que je suis kɔkɔ Kombi [un ancien du Bwete] ». 26 S’il faut toujours garder au moins un secret par-devers soi, c’est aussi pour ne pas donner prise ... 47Afin d’éviter Ă  la fois la dĂ©valorisation de son savoir initiatique pour cause de transmission et sa disparition pour cause de rĂ©tention, un pĂšre initiateur doit alors attendre le jour de sa propre mort pour divulguer ses secrets de plus grande valeur. Et s’il meurt sans avoir eu l’occasion de transmettre ce secret, il le dĂ©voilera post mortem dans un message onirique adressĂ© Ă  son hĂ©ritier. Les plus grands secrets ne se disent donc qu’à l’agonie Le maĂźtre a toujours un secret pour lui-mĂȘme personnel. C’est peut-ĂȘtre le jour oĂč il voit qu’il ne peut plus vivre qu’il va le dire Ă  quelqu’un. Mais tant qu’il vit encore, c’est avec lui dans la tĂȘte. Toujours une derniĂšre botte secrĂšte. Les enfants, tu vas leur parler des choses qui sont en haut. Mais en bas en bas, tu es obligĂ© de garder ça pour toi-mĂȘme. Jusqu’à ce que tu voies que tel enfant est assez mĂ»r, ou bien le jour de ta mort, tu vas lui lĂ©guer telle chose. »26 48Le rapport entre secret et mort est donc au principe de la logique de circulation du savoir initiatique. L’ultime divulgation indĂ©finiment diffĂ©rĂ©e garantit Ă  la fois la pĂ©rennitĂ© et la valorisation du Bwete. C’est le sens cachĂ© de l’expression le Bwete ne finit jamais, sauf le jour de la mort ». RĂ©tention et divulgation sont ainsi les pulsations Ă©lĂ©mentaires qui scandent la circulation des Ă©noncĂ©s initiatiques.
Desrecherches supplĂ©mentaires vont ĂȘtre entreprises pour savoir si d’autres ossements pourraient ĂȘtre encore dissimulĂ©s dans le sol de cette cave d’immeuble. On peut lire que sous l’ancien rĂ©gime, des cimetiĂšres avaient Ă©tĂ© dĂ©placĂ©s pour ĂȘtre regroupĂ©s par la suite dans la capitale. Le crĂąne de l’enfant Ă©tudiĂ© Ă  l’institut mĂ©dico-lĂ©gal. D’autres hypothĂšses sont MĂ©moires et thĂšses PAPPOLA Fabrice, Le bourrage de crĂąne » dans la Grande Guerre. Approche socioculturelle des rapports des soldats Ă  l’information, sous la direction de RĂ©my Cazals, ThĂšse d’histoire, Univ. Toulouse II, 2007. Outre leurs aspects humains et politiques, les mobilisations nationales au cours de la PremiĂšre Guerre mondiale gĂ©nĂšrent un discours dominant » vĂ©hiculĂ© par l’ensemble des supports mĂ©diatiques, destinĂ© Ă  entretenir la confiance en la victoire des populations civiles et militaires. Dans un contexte de pĂ©nurie des sources d’information se dĂ©veloppe, durant les premiers mois du conflit, un traitement mĂ©diatique de la guerre divergeant de ses rĂ©alitĂ©s concrĂštes. Les soldats manifestent d’une façon sans cesse plus marquĂ©e leur rejet de ce qui leur apparaĂźt subjectivement comme un ensemble de mensonges destinĂ© Ă  dissimuler les horreurs de la guerre. Une expression, nĂ©e Ă  la fin du XIXe siĂšcle, est bientĂŽt utilisĂ©e pour qualifier ces pratiques le bourrage de crĂąne. » Les soldats ressentent toutefois avec acuitĂ© le besoin de comprendre la guerre dans laquelle ils se trouvent impliquĂ©s et de lui donner sens. En quĂȘte permanente de renseignements, ils entretiennent une relation ambivalente, mĂȘlant rĂ©pulsion et attirance, vis-Ă -vis des sources d’information lĂ©gitimes et des multiples rumeurs qui traversent les espaces sociaux du front. Cette Ă©tude a pour but, par l’analyse croisĂ©e et l’examen statistique d’un corpus de sources d’ordre privĂ©, de caractĂ©riser la structuration et les Ă©volutions des rapports des soldats Ă  l’information sous toutes ses formes dans le temps de guerre, afin de dĂ©terminer le sens et les enjeux sociaux et culturels sous-jacents Ă  l’usage de l’expression bourrage de crĂąne » et de ses synonymes au cours du conflit lui-mĂȘme, et d’ainsi contribuer Ă  affiner la comprĂ©hension de l’environnement mental qui prĂ©sida Ă  l’expĂ©rience de guerre des soldats. En savoir plus Citer cet article
TĂ©lĂ©chargercette image : . La science et l'art de la sage-femme . Figure 181.—Craniotomie s du crĂąne de Hodge^s. Bodgee craniotomy Bcissora peut ĂȘtre utilisĂ© comme perforateur, et par la suite Ă  eul loin des portions de l'os. Le Dr T. G. Thomas a 4:1(5 CHIRURGIE OBSTÉTRIQUE. Conçu un perforateur avec une extrĂ©mitĂ© de type gimlet, qui est intendedto a portĂ© son chemin dans le
La soif de savoir 1L’Humanisme peut se dĂ©finir comme un courant interstitiel oĂč transitent Ă  la fois le matĂ©riau mĂ©diĂ©val obscur et les futures Ă©volutions modernes, et qui prĂ©sente en outre les caractĂ©ristiques d’une rĂ©volution idĂ©ologique au sujet d’une nouvelle reprĂ©sentation Ă©rudite et Ă©thique du monde, de la sociĂ©tĂ© et de l’Homme. En matiĂšre d’éducation, il intĂšgre la double formation de l’esprit et du corps qu’il valorise dans cette devise tirĂ©e des derniers vers de la satire x des Saturae de JuvĂ©nal Mens sana in corpore sano. 1 François Rabelais, Gargantua, chapitres XIV Ă  XXIV, Ă©d. 1542. 2L’éducation du prince proposĂ©e par François Rabelais dans son Gargantua1 rĂ©pond Ă  cette maxime de l’esprit sain dans un corps sain », idĂ©al de sagesse expliquĂ© par le poĂšte satirique latin. Plus prĂ©cisĂ©ment, l’Ɠuvre du moine-mĂ©decin-Ă©crivain prĂ©sente une rĂ©flexion indirecte autour de la dimension physique de l’Être, le corps qui, en dehors des besoins liĂ©s Ă  la respiration et Ă  l’élimination des dĂ©chets, doit rĂ©guliĂšrement se nourrir, donc manger et boire pour vivre. 2 Rabelais vĂ©cut, durant son enfance, Ă  La DeviniĂšre, Ă  Seuilly, en Touraine, un logis bourgeois ento ... 3S’il est connu que l’absorption de boisson symbolise le savoir Ă©rudit et curieux, le but est de dĂ©finir les effets du vin sur le corps et l’esprit dans l’Ɠuvre de Rabelais un tantinet Ă©picurien au milieu des vignobles chinonais2. 3 Il faut cependant relativiser les termes et expressions du TraitĂ© de bon usage de vin dans la mesur ... 4Les questions vitale, religieuse et mĂ©dicale dĂ©finiront ainsi les enjeux du vin dans son Ɠuvre centrĂ©e sur le TraitĂ© de bon usage de vin3 et en lien avec Pantagruel, Gargantua, Le Tiers Livre, Le Quart Livre et Le Cinquiesme Livre. La question vitale 5Depuis les dĂ©buts de l’histoire humaine, avec l’arrivĂ©e de l’écriture hiĂ©roglyphique, la biĂšre Ă©tait la boisson quotidienne bon marchĂ©, fabriquĂ©e Ă  partir de la fermentation de blĂ©, d’orge, de pain, d’épices et de dattes, aussi bien pour les pauvres que les riches. Le vin, plus complexe Ă  fabriquer, fit ensuite son apparition dont l’origine serait le Caucase vers moins 6 000. 6Les Ă©changes commerciaux avec les civilisations bĂ©nĂ©ficiant d’un climat mĂ©diterranĂ©en et propice permirent l’introduction de la vigne, en Égypte, qui rĂ©ussit en partie Ă  s’adapter au nouveau sol. La viticulture demandait cependant un savoir faire et une attention plus soutenus avant l’étape de la viniculture. La raretĂ© du vin, qui engendra un art de boire ritualisĂ© et mesurĂ©, en faisait un marqueur social rĂ©servĂ© Ă  l’aristocratie princiĂšre comme en tĂ©moignent les reprĂ©sentations de jarres Ă  vin et de la culture de la vigne retrouvĂ©es datant de la fin du ive millĂ©naire avant notre Ăšre. 4 Platon expose les diffĂ©rentes variĂ©tĂ©s des corps dont l’eau et ses sucs » dĂ©rivĂ©s, en particulier ... 7D’aprĂšs Platon, son usage Ă©tait soumis Ă  des rĂšgles variables en fonction des moments de la vie. Les jeunes de moins de dix-huit ans ne devaient pas le boire. Ensuite, jusqu’à quarante ans environ, le vin ne devait pas ĂȘtre absorbĂ© avec excĂšs. L’ivresse dĂ©mesurĂ©e Ă©tait finalement rĂ©servĂ©e Ă  la vieillesse. Dans le TimĂ©e 58-60, le philosophe Ă©crivit, au sens propre, que ce qui rĂ©chauffe l’ñme en mĂȘme temps que le corps est le vin »4. Peu aprĂšs, Aristote, dans Les ProblĂšmes, expliquait que le vin causait les mĂȘmes effets que la bile noire, Ă  l’origine de la mĂ©lancolie, dont sont atteints certains esprits gĂ©niaux, maladie atteignant l’une des quatre humeurs, gĂ©nĂ©rant des effets plus ou moins dĂ©sirables. Aristote qui n’en condamne pas l’usage montre, dans Les ProblĂšmes xxx, iii, que le vin agit sur l’ensemble de l’ĂȘtre. 8François Rabelais avait parfaitement connaissance de ces reprĂ©sentations ancestrales, Ă©rudit qu’il Ă©tait dans tous les domaines, imprĂ©gnĂ© de littĂ©rature antique et persuadĂ© qu’un retour Ă  certaines valeurs ancestrales pouvait Ă©lever l’individu et favoriser la construction d’une sociĂ©tĂ© plus harmonieuse. Ne rappelle-t-il d’ailleurs pas, dans son TraitĂ© de bon usage de vin, une remarque de Platon ? En effet, le sous-titre exprime directement la pensĂ©e platonicienne sur le vin capable d’ Ă©baudir Ăąme et corps », c’est-Ă -dire d’égayer Ăąme et corps. En consĂ©quence, d’aprĂšs le sous-titre, en ce qui concerne le corps, le vin aurait la vertu de le mettre dans un Ă©tat de mouvement traduisant la liesse. Il vante le vin car il ne condamne pas le corps pour exalter l’esprit. 9Pour ce qui concerne les membres extĂ©rieurs & intĂ©rieurs », dans la suite du sous-titre, qui rappellent la notion de corps remise Ă  l’honneur par Rabelais en opposition directe Ă  l’esprit scolastique, Galien, au iie siĂšcle, dĂ©finissait trois choses naturelles » les membres, les esprits physiques, le sang. Une action ciblĂ©e sur ces choses » permettait d’atteindre un Ă©tat d’équilibre comme une balance. Pour cela, divers Ă©lĂ©ments Ă©taient considĂ©rĂ©s comme agissants l’air, la nourriture, la boisson, le mouvement, le repos, le sommeil, la veille, l’inanition, la rĂ©plĂ©tion, les passions. La boisson est l’élĂ©ment retenu par Rabelais dans le TraitĂ©. Son titre, riche d’informations, en suggĂšre un usage particulier il s’agit du bon usage ». De ce fait, il ne s’agit nullement d’inciter les gens Ă  boire avec surabondance mais d’apprendre Ă  boire bien en sociĂ©tĂ© et non pas mal afin que s’instaure une vitalitĂ© Ă©quilibrante et socialisante du corps. L’usage de l’eau est prohibĂ© par Rabelais qui prĂ©fĂšre le vin pur, source d’un corps bien sculptĂ© Ă  la maniĂšre d’un bodybuilder une verge puissante et belle », le ventre et le bras musculeux », [des] jambes 
 telles des mĂąts de vaisseaux » Rabelais, 2016 40-41, autant de qualitĂ©s physiques qui tĂ©moignent d’une vitalitĂ© extraordinaire. 5 Rabelais est Ă  rapprocher d’Érasme qui Ă©tablissait, dans l’Éloge de la folie 1511, un rapport ent ... 6 La dĂ©nonciation des mĂ©faits de l’abus d’alcool, sachant que le taux d’alcool dans le vin Ă  cette Ă©p ... 7 L’ivrognerie privĂ©e est difficile Ă  mesurer bien qu’elle soit dĂ©noncĂ©e sur le plan moral et social. 8 En raison des difficultĂ©s de la mise en place d’un systĂšme de rĂ©pression directe. 10Rabelais doit ĂȘtre envisagĂ© dans son contexte pour Ă©valuer son rapport au vin et ses effets sur le corps. Il faut savoir que la culture de l’ivresse et de l’enivrement remonte au Moyen Âge en France comme le montrent les chansons bachiques d’Olivier Basselin citĂ© par Rabelais en conclusion de son TraitĂ©. Les annĂ©es 1530 marquĂšrent le dĂ©but d’un renversement progressif des pratiques et des valeurs, et Rabelais se situe Ă  l’interstice de deux conceptions antagonistes5. Les autoritĂ©s comme l’État, l’Église et les mĂ©decins6, dont Rabelais peut-ĂȘtre, condamnĂšrent l’ivrognerie publique7. François Ier promulgua un Ă©dit, datĂ© du 1er aoĂ»t 1536, oĂč Ă©taient signifiĂ©es les peines encourues amputation des oreilles, infamie, bannissement. Dans son TraitĂ©, Rabelais s’amuse Ă  dĂ©fier l’autoritĂ© en disant Que nous chaut 
 une oreille » Rabelais, 2016 23. Autrement dit, l’ivrognerie publique peut aboutir Ă  l’amputation d’une partie du corps et donc Ă  une diminution de la vitalitĂ©. En pratique, la loi ne fut pas appliquĂ©e8 mais une lutte indirecte s’instaura en cas de troubles Ă  l’ordre public au niveau des dĂ©bits de boissons dont Rabelais Ă©tablit une liste dans son TraitĂ© cabarets, auberges, tavernes, gargotes, estaminets et cambuses » Rabelais, 2016 22. 9 Au contraire, la science actuelle a prouvĂ© que la consommation de vin n’a absolument rien de vital ... 11Ainsi, depuis la nuit des temps, le vin apparaĂźt comme un symbole de rĂ©ussite sociale Ă  cause de la noblesse de ses origines. Rabelais en fait un marqueur culturel populaire fort liĂ© Ă  une mobilitĂ© particuliĂšre du corps en s’inscrivant dans l’idĂ©e que le vin est vital9, et il le fait descendre des strates sociales Ă©levĂ©es vers les plus humbles. PlacĂ© sous l’auspice de MaĂźtre Alcofribas, l’architriclin du grand Pantagruel » qui clĂŽt le sous-titre, le vin est semble-t-il Ă©galement liĂ© Ă  la religion. La question religieuse 12Dans la Bible, l’Évangile selon Saint Jean ii, 1-11 rapporte, qu’au cours des noces de Cana, le vin manquait. JĂ©sus demanda Ă  des serviteurs de remplir d’eau six jarres vides. Au moment de la goĂ»ter, l’architriclin, c’est-Ă -dire l’organisateur du repas, s’aperçut que c’était du vin qu’il buvait, symboliquement le sang du Christ. Ce fut lĂ  le premier miracle Ă©tonnant de JĂ©sus en GalilĂ©e qui montre ainsi sa gloire et ses disciples croient en lui. 10 Il y a d’abord les sacrements d’initiation baptĂȘme, confirmation et eucharistie, de guĂ©rison rĂ©c ... 13Le cours de la vie d’un croyant est rythmĂ© par divers sacrements qui doivent trouver grĂące devant Dieu10. Au chapitre xxxi du Tiers livre, une discussion s’instaure entre Panurge et le mĂ©decin Rondibilis. Panurge l’interroge sur la fidĂ©litĂ© dans le mariage. Le sujet, qui pourrait dĂ©boucher sur une rĂ©ponse sĂ©rieuse autour d’un engagement et d’une promesse maintenue par l’Esprit-Saint ou encore autour d’un conseil en lien avec un prĂ©cepte de l’amour courtois Ă©tabli dans le De Arte honeste amandi d’Andreas Capellanus 1186, est d’une toute autre nature. Il est pour ainsi dire tournĂ© en dĂ©rision. 14L’interrogation dĂ©clenche en effet une plus ou moins claire et savante rĂ©ponse ancrĂ©e sur une connaissance des thĂšses des Anciens comme Platon, Diodore de Sicile, Plutarque et des contemporains comme Nicolas de la Chesnaye et AndrĂ© Tiraqueau. Selon Rondibilis, l’attirance sexuelle est rĂ©frĂ©nĂ©e par cinq facteurs. L’un d’entre eux est le vin par l’intemperance du vin, advint au corps humain refroidissement de sang, resolution des nerfs, dissipation de semence generative, hebetation des sens, perversion des mouvements qui sont toutes impertinences Ă  l’acte de generation » Rabelais, 1961 143. Il ajoute ensuite qu’ [a]ultrement est du vin prins temperement » Rabelais, 1961 143. De ce fait, il y a donc deux maniĂšres de boire, la mauvaise qui mettrait en pĂ©ril l’action reproductrice chez l’homme et la bonne qu’il recommande expressĂ©ment afin que le corps puisse pleinement consommer l’amour physique. 15L’abus du vin qui semble prohibĂ©, c’est-Ă -dire la surabondance, est encore dĂ©noncĂ©e dans Le Cinquiesme Livre, au chapitre xxxiv. Si le vin permet une interaction entre les choses terrestres et spirituelles, sa consommation permet d’ouvrir les esprits Ă  une certaine spiritualitĂ©, voire Ă  une vertu inspiratrice. Mais il faut qu’elle soit limitĂ©e car ceux qui s’addonnent et dedient Ă  contemplation des choses divines doivent en tranquillitĂ© leurs esprits maintenir, hors toute perturbation de sens laquelle plus est manifestĂ©e en yvrognerie qu’en autre passion, quelle que soit » Rabelais, 1948 137. 11 Le mot salut » pourrait bien avoir deux sens bonjour et salut divin. 16Lorsque Rabelais semble cheminer sur des chemins matĂ©rialistes, le spirituel n’est finalement jamais Ă©loignĂ© comme dans son allusion au dĂ©but du TraitĂ© L’usage du vin, outre le verbe prolixe et la priĂšre fervente, est de toutes les actions humaines » Rabelais, 2016 21. Certes l’on s’éloigne du corps pour se rapprocher de l’ñme ; mais la contiguĂŻtĂ© avec la corporation des buveurs pantagruĂ©listes » Rabelais, 2016 21 rappelle une autre dimension corporelle, celle des buveurs regroupĂ©s en un corps associatif et ayant besoin d’une ligne directrice tournĂ©e sur le salut »11 divin puisque le premier chapitre est titrĂ© Paix en JĂ©sus le Christ notre Sauveur » Rabelais, 2016 21. 17Rabelais engage gĂ©nĂ©ralement Ă  boire modĂ©rĂ©ment sous la protection de Bacchus, comme il l’explique au chapitre lxv du Quart Livre, pour hault eslevez les esprits des humains, leurs corps evidentement alaigriz, et assouply ce que en eulx estoit terrestre » Rabelais, 1959 237, traduisant, par cela mĂȘme, la recherche du mystĂšre de l’Eucharistie. En effet, le vin est toujours envisagĂ© dans le sens propre comme dans le figurĂ©. Pantagruel, qui navigue Ă  la recherche du Temple de la Dive bouteille, tel un Ulysse ou un chevalier en quĂȘte du Saint Graal, prĂ©tend que le corps privĂ© de nourriture et de boisson est terrestre tandis que celui qui est rassasiĂ© est plus enclin Ă  s’élever. Non seulement le vin est l’allĂ©gorie du savoir livresque, mais encore est-il celui du sang du Christ dans la liturgie eucharistique oĂč il est question d’élever son cƓur en absorbant le corps et le sang du Christ, c’est-Ă -dire le pain sans levain et le vin, est-il mentionnĂ© dans l’Évangile selon Saint Marc xiv, 12-26. 18Cela se confirme dans Le Cinquiesme Livre qui concerne la finalitĂ© des aventures de Pantagruel. Au livre xlv, l’oracle de la Dive bouteille, la prĂȘtresse Bacbuc, dans son interprĂ©tation du mot de la Dive bouteille, affirme Ă  Panurge que non rire, ains boire est le propre de l’homme » Rabelais, 1948 169, ce qui va Ă  l’encontre de la remarque d’Aristote traduit au dernier vers du dizain en tĂȘte du Gargantua qui est que rire est le propre de l’homme » Rabelais, 1996 45. La contradiction n’est qu’apparente si l’on considĂšre le bon vin stimulant le corps en proie Ă  un certain engouement, y compris langagier, conduisant Ă  une mĂ©taphore de la science oĂč l’homme peut s’abreuver pour acquĂ©rir la connaissance suffisante pour dĂ©cider par lui-mĂȘme, devenir plus libre et ĂȘtre mieux responsable de ses actes, autant de qualitĂ©s humanistes recherchĂ©es. 19Le vin, sorte de quintessence intellectuelle, spirituelle ou mystique, n’est pas seulement envisagĂ© comme allusions bibliques pour jouer avec les mots afin de cacher un sens plus Ă©levĂ© et sĂ©rieux au sujet de l’élĂ©vation corporelle vers le royaume des Cieux. Rabelais est aussi conscient que l’ƓnothĂ©rapie a peut-ĂȘtre sa place puisque la suite du sous-titre du TraitĂ© concerne l’effet protecteur contre diverses maladies de membres extĂ©rieurs & intĂ©rieurs ». La question mĂ©dicale 12 Dans les annĂ©es 1520, Rabelais s’était perfectionnĂ© dans le grec ancien et en arabe littĂ©raire malg ... 20Le vin pourrait ainsi guĂ©rir deux parties du corps humain, c’est-Ă -dire les membres et les organes. Le constat des qualitĂ©s thĂ©rapeutiques du vin serait d’ailleurs apparu dĂšs le ive millĂ©naire avant notre Ăšre. À partir du ive siĂšcle avant notre Ăšre, le corpus hippocraticum exposait les bienfaits du vin comme remĂšdes Ă  divers maux. Or, Rabelais avait une bonne connaissance des thĂšses hippocratiques et galiennes par sa connaissance du grec ancien, sans parler, par celle de l’arabe, de la mĂ©decine avicennienne et averroĂŻste, oĂč la corporĂ©itĂ© est envisagĂ©e12. On le voit bien dans le chapitre v du Gargantua avec Les propos des bienyvres » qui emplissent leur estomac de bon vin pineau. 21Pour le mĂ©decin Rabelais, c’est en rĂ©alitĂ© l’ignorance qui est la fautive sur l’usage du vin, d’oĂč la visĂ©e du TraitĂ© d’instruire sur les rĂšgles de son emploi. L’auteur, qui avait obtenu son doctorat en mĂ©decine en 1537, lorsqu’il parle du vin et de ses excĂšs, doit finalement ĂȘtre compris comme une maniĂšre ironique de dĂ©noncer les mĂ©faits du vin pris sans rĂ©flexion avec ses effets nĂ©fastes sur le corps parfois dĂ©formĂ© et dĂ©truit. L’ivrognerie conduit, malgrĂ© l’émergence de paroles savantes, Ă  la dĂ©construction logique du dialogue comme le dĂ©montre le chapitre V du Gargantua. 22Quant au TraitĂ©, au chapitre iii, il n’évoque que les aspects bĂ©nĂ©fiques et ne prĂ©sente que les indications thĂ©rapeutiques bonnes pour soigner certaines parties du corps, non sans jeux de mots, doubles sens et triples sens laissĂ©s au dĂ©tour d’une expression. Il est donc Ă©vident que les appellations des maladies renvoient Ă  la fois Ă  de vĂ©ritables maux mais aussi Ă  des situations cocasses qui mesurent et nuancent les propos soi-disant sĂ©rieux du narrateur du traitĂ©, MaĂźtre Alcofribas, l’architriclin du grand Pantagruel ». La bonne action supposĂ©e du vin sur une maladie est toujours liĂ©e Ă  une partie anatomique du corps. Un parallĂšle entre la vision de la maladie au xvie siĂšcle et sa reprĂ©sentation actuelle est possible Ă  Ă©tablir malgrĂ© des terminologies mĂ©dicales diffĂ©rentes Ă  l’époque. 23Les bienfaits du vin sur la santĂ© physique est actuellement une Ă©tude trĂšs sĂ©rieuse. Le champagne par exemple, avec la prĂ©sence de sels minĂ©raux et d’oligo-Ă©lĂ©ments joue un rĂŽle antidĂ©presseur et anxiolytique. Le vin s’attaque au mauvais cholestĂ©rol souvent responsable de maladies coronariennes. Le vin rouge pourrait aussi lutter efficacement contre certains cancers – poumon, prostate, ovaires – grĂące Ă  la prĂ©sence de substances comme les polyphĂ©nols et Ă©viter la dĂ©gĂ©nĂ©rescence neuronale. Sans parler des vertus antibactĂ©riennes connues depuis le milieu du xixe siĂšcle. Il existe un tableau mettant en Ă©vidence les qualitĂ©s thĂ©rapeutiques du vin sur les fonctions physiologiques Acidose Sancerre, AnĂ©mie Pomerol, Constipation Anjou, Vouvray, DiarrhĂ©e Madiran, Digestion Champagne, Gastralgie Sauternes, UricĂ©mie Sancerre, etc. Le TraitĂ© de bon usage de vin ressemble, par certains Ă©gards, Ă  cette analyse des bienfaits du vin pris modĂ©rĂ©ment sur certaines parties du corps, constat d’ailleurs fait par Pasteur au xixe siĂšcle et par la mĂ©decine actuelle. Dans le traitĂ©, Rabelais l’évoque aussi mais l’on ne sait si c’est sĂ©rieux ou non Buvez donc du vin 
 par-dessus tout contre le dessĂšchement du cerveau dans le crĂąne et contre la jaunisse. Contre divers maux, prĂ©fĂ©rez les vins souscrits de Gascogne contre la gale, de Bourgogne contre la rogne » Rabelais, 2016 27, 29. Sans parler des actions bĂ©nĂ©fiques du vin ajoutĂ© Ă  des herbes ou Ă  des plantes comme la cannelle », la sauge » et autres ingrĂ©dients » Rabelais, 2016 29. 24Il apparaĂźt donc que François Rabelais utilise ses connaissances mĂ©dicales pour Ă©tablir ses parallĂšles entre le corps et le vin d’un point de vue mĂ©dical, sans doute le fruit de ses observations et de ses connaissances, ce qui place le vin en tant que remĂšde malgrĂ© un arriĂšre plan qui laisse imaginer une farce sur tout ce qu’il vient de mentionner. StellogenĂšse crĂ©atrice du vin, du corps et du spirituel 13 Dans le Prologue du Gargantua, Rabelais annonce son projet de dissimuler les codes symboliques de l ... 25Dans le TraitĂ© de bon usage de vin, lequel est grand & perpĂ©tuel pour Ă©baudir Ăąme & corps & contre diverses maladies de membres extĂ©rieurs & intĂ©rieurs composĂ© au profit d’enlumineurs de museaux par maĂźtre Alcofribas, l’architriclin du grand Pantagruel, le narrateur Alcofribas annonce son projet de consigner, suivant les prĂ©ceptes de Pantagruel, ce qu’il convient de retenir sur le vin. Trois axes apparaissent d’emblĂ©e dans le titre long, Ă  l’instar du reste de son Ɠuvre les dimensions vitale, religieuse et mĂ©dicale13. 26Les effets du vin sur le corps, dans le TraitĂ© et son Ɠuvre en gĂ©nĂ©ral, est peu flatteur pour le corps humain mĂȘme si le mode est celui du comique. Pourtant il cĂ©lĂšbre le vin dĂšs les premiĂšres lignes du Pantagruel, en 1532. Mais ce fut l’annĂ©e oĂč l’étĂ© fut si terrible que la sĂ©cheresse eut pour consĂ©quence une pĂ©nurie d’eau. Pour Ă©viter la dĂ©shydratation, seule solution boire du vin. Cette solution ne devait d’ailleurs sans doute servir Ă  rien car le vin ne permet pas de s’hydrater. Mais pour lui, le vin fait partie du bon vivre en sociĂ©tĂ©, le vin participe au mystĂšre de la Foi, le vin est une mĂ©dication contre certains maux, tels sont les trois effets principaux du vin pris Ă  bon escient. Loin d’encourager l’ivrognerie, Rabelais chemine sur un art de boire bĂ©nĂ©fique pour le corps et l’esprit et prĂ©fĂšre rire que pleurer des usages excessifs. Le vin qui passe d’abord dans le corps aboutit nĂ©cessairement au spirituel puisque le terme spiritueux », qui dĂ©signe une boisson alcoolisĂ© obtenue par distillation, vient du latin spiritus, -us, m signifiant esprit ». Le corps agit donc chez Rabelais comme un distillateur alchimique d’une boisson dont le produit permet de rapprocher l’ñme de Dieu. 14 Le concept fut d’abord mis en Ă©vidence dans les narratoĂšmes d’HĂ©di Bouraoui 1932- dans une tonali ... 27C’est ainsi que s’établit une sorte d’équilibre entre mises en garde et encouragements dissimulĂ©s derriĂšre un faisceau infini de significations rayonnantes. Les mots, les nĂ©ologismes, les expressions renvoient souvent Ă  des significations multiples Ă  la fois, dans toutes les directions et Ă  des niveaux divers et variĂ©s, Ă  la maniĂšre des rayons lumineux d’une Ă©toile. Ils participent Ă  l’essence mĂȘme de la crĂ©ation, au processus de formation primordial du texte rabelaisien. Ce procĂ©dĂ© de stellogenĂšse crĂ©atrice »14 prĂ©sent chez Rabelais crĂ©e un tissu d’interprĂ©tations multiples. Quoi qu’il en soit il faut aussi rapprocher la mĂ©taphore du vin Ă  celle du pantagruĂ©lion du Tiers Livre, le chanvre – plante qui a donnĂ© le cannabis mĂ©dical –, dont les effets s’apparentent Ă  une sorte d’ivresse. Ala recherche du Savoir. 539 likes · 4 talking about this. Cette page a pour vocation de promouvoir la recherche du Savoir sous toutes ses formes 27/01/2021 150700Charlene de Monaco, le crĂąne rasĂ© dissimulĂ© sortie en famille pour embraser le RocherIl n'y a pas que Jacques et Gabriella qui ont soignĂ© leurs tenues mardi soir leur mĂšre, la princesse Charlene, a elle aussi misĂ© sur un look sophistiquĂ©. Une tenue pour laquelle elle a prĂ©fĂ©rĂ© cache...Les deux petites tĂȘtes blondes accompagnent de plus en plus leurs parents lors de leurs sorties princiĂšres, pour le plus grand plaisir des MonĂ©gasques. Les jumeaux, scolarisĂ©s Ă  l'Ă©cole maternelle publique Stella-de-Monaco, ne se contentent plus seulement de saluer du balcon du palais princier deux fois l'an, puisqu'ils prennent dĂ©sormais part Ă  diffĂ©rentes cĂ©rĂ©monies, inaugurations, Ă©vĂ©nements culturels et sportifs... Lire la suite » Charlene de Monaco affiche dĂ©sormais une coiffure mi-crĂąne rasĂ©, mi coupe au bol PHOTO – Charlene de Monaco lookĂ©e Ă  la garçonne pour une nouvelle sortie avec Albert - Gala Charlene de Monaco en solo pour les funĂ©railles du roi des Zoulous - Gala Charlene de Monaco affiche dĂ©sormais une coiffure mi-crĂąne rasĂ©, mi coupe au bolL'Ă©pouse du prince Albert II arborait une coupe de cheveux punk lors d'une distribution de cadeaux de NoĂ«l, organisĂ©e au Palais princier mi-dĂ©cembre. Elle persiste et signe ce choix capillaire pour le moins inattendu de la part de la princesse, en rasant la nuque et l'autre cĂŽtĂ©. ... En a-t-elle ras le bol ? lĂ  est la question! De pire en pire! 15€ la coupe alors , voir 10€PHOTO – Charlene de Monaco lookĂ©e Ă  la garçonne pour une nouvelle sortie avec Albert - GalaÀ l'occasion d'une sortie au Yacht Club de Monaco, la princesse CharlĂšne arborait un look androgyne, aux cĂŽtĂ©s du prince Albert II de Monaco ce mardi 9 fĂ©vrier....Charlene de Monaco en solo pour les funĂ©railles du roi des Zoulous - GalaCharlene de Monaco s'est rendue seule aux funĂ©railles de Goodwill Zwelithini, le roi des Zoulous d'Afrique du Sud, ce jeudi 18 mars Ă  Nongoma, comme le montrent des images de SABC News. TrĂšs proche... Y a la vidĂ©o ?PHOTOS – De StĂ©phanie Ă  Charlene de Monaco les coiffures les plus excentriques du gotha - propose une rĂ©trospective de ces fois oĂč les princesses ont optĂ© pour des coiffures excentriques sous bien des formes. Des colorations folles, des assemblages Ă©tonnants... DĂ©couvrez notre d...PHOTOS – De StĂ©phanie Ă  Charlene de Monaco les coiffures les plus excentriques du gotha - propose une rĂ©trospective de ces fois oĂč les princesses ont optĂ© pour des coiffures excentriques sous bien des formes. Des colorations folles, des assemblages Ă©tonnants... DĂ©couvrez notre d...Une publication partage par Eugenia Garavani eugeniagaravani Les deux petites tĂȘtes blondes accompagnent de plus en plus leurs parents lors de leurs sorties princiĂšres, pour le plus grand plaisir des En ce moment ChloĂ© Friedmann 1, Justine Feutry ‱ Le 10 fĂ©vrier 2021 L'Ă©pouse du prince Albert II arborait une coupe de cheveux punk lors d'une distribution de cadeaux de NoĂ«l, organisĂ©e au Palais princier de Monaco n'en finit pas de surprendre avec ses au deuxiĂšme rang de l'Ă©glise temporaire installĂ©e Ă  Nongoma, une ville du KwaZulu-Natal, province cĂŽtiĂšre de l'Afrique du jumeaux, scolarisĂ©s Ă  l'Ă©cole maternelle publique Stella-de-Monaco, ne se contentent plus seulement de saluer du balcon du palais princier deux fois l'an, puisqu'ils prennent dĂ©sormais part Ă  diffĂ©rentes cĂ©rĂ©monies, inaugurations, Ă©vĂ©nements culturels et sportifs.. Partager Tilda Swinton, Rihanna et Kristen Stewart l'ont un temps adoptĂ©e.. Ce style colle parfaitement Ă  sa nouvelle coupe de cheveux , rĂ©vĂ©lĂ©e en dĂ©cembre dernier et qui lui donne de l'allure. Les deux enfants font la fiertĂ© du prince Albert, comme Charlene a pu l'Ă©voquer lors d'une rĂ©cente interview accordĂ©e au magazine Point de vue " Il adore chaque instant passĂ© avec eux, il aime leur parler, les prendre en photo, ils sont le grand amour de sa vie. L'Ă©pouse d'Albert II arborait Ă©galement une longue mĂšche coiffĂ©e sur le cĂŽtĂ© et des mĂšches plus foncĂ©es. Un amour qui ne connaĂźt pas d'Ă©quivalent et qu'il a la chance d'avoir en double ! " Un entretien au cours duquel la princesse avait Ă©galement adressĂ© . "C’est un jour difficile car nous avons perdu un arbre", a-t-il dĂ©clarĂ©, citĂ© par Histoires Royales, avant de poursuivre "J’adresse mes plus profondes et sincĂšres condolĂ©ances Ă  la famille royale, au nom de tous les Sud-Africains. Novt4.
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